Chronique

Wilhelm Pieck, un président pour la RDA

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Élection de Wilhelm Pieck (à gauche) à la présidence de la RDA le 11 octobre 1949, en présence d’Otto Grotewohl (à droite), président du Conseil des ministres - source : WikiCommons

Le 11 octobre 1949, quatre jours après la création de la RDA, le communiste Wilhelm Pieck (1876-1960) est élu à la présidence du nouvel État communiste est-allemand. La presse d’opinion française diverge quant à l’accueil qu’elle réserve à cette élection.

Le journal d’orientation démocrate chrétienne L’Aube décrit le 12 octobre 1949 cette élection comme une mascarade démocratique :

« C’est, en effet, M. Wilhelm Pieck, vétéran communiste âgé de 73 ans et co-président du parti socialiste-communiste unifié, qui a été élu hier à l’unanimité président de l’Allemagne orientale.

Son élection par les membres des deux chambres du “Parlement” oriental proclamé récemment, a eu lieu dans l’immeuble qui abritait autrefois le ministère de Goering dans le centre de Berlin. »

En effet, selon l’article 101 de la Constitution de la République démocratique allemande, adoptée le 7 octobre 1949, le président de la RDA devait être élu par une session commune de la Chambre du peuple (Volkskammer) et de l’Assemblée des Länder (Länderkammer) pour une durée de quatre ans.

Le quotidien démocrate-chrétien émet des doutes sur le rôle de ce « Parlement », car la Chambre du peuple provisoire constituée le 7 octobre 1949, n’a pas été élue et les élections ne sont prévues que pour le 15 octobre 1950. De plus, l’article insiste sur le fait que le « Parlement » siège dans le bâtiment berlinois de l’ancien « Ministère de l’Aviation du Reich » du nazi Hermann Göring, y voyant un signe prémonitoire de l’évolution dictatoriale du régime.

Au contraire, L’Humanité du 12 octobre accueille avec enthousiasme cette élection et insiste sur son caractère démocratique :

« Dans un enthousiasme indescriptible, Wilhelm Pieck a été élu hier président de la République démocratique allemande.

Lorsque M. Otto Nuschke, président de l’Union chrétienne démocrate a prononcé le nom du vieux vétéran du mouvement ouvrier, le proposant au poste de président de la République, tous les délégués debout ont manifesté leur approbation et la nomination a eu lieu par acclamation.

Wilhelm Pieck est alors monté à la tribune tandis que la salle entière se levait, et il a été investi officiellement par le président de la chambre populaire. »

L’organe communiste insiste sur le multipartisme de la RDA en évoquant Otto Nuschke, dirigeant démocrate-chrétien (CDU) et le rôle du président de la Chambre du peuple, le libéral-démocrate (LDPD) Johannes Dieckmann.

Ces acteurs non-communistes de l’élection sont également évoqués dans L’Aube, mais c’est avec une certaine amertume. L’article semble regretter l’absence d’opposition de la part des partis non-communistes en RDA :

« C’est Otto Nuschke, président de l’Union chrétienne démocrate de la zone soviétique, qui a proposé la désignation de M. Pieck, une for...

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