Chronique

La réception des camps de concentration nazis dans la presse des années 1930

le par

Heinrich Himmler en visite au camp d'Orianenbourg-Sachsenhausen, 1936 - source : Bundesarchiv-WikiCommons

Prétendument destinés à incarcérer les « opposants » politiques, les camps sont abordés régulièrement dès 1933 dans les journaux. L’intérêt suscité par cette réalité du régime nazi diminuera toutefois au cours de la décennie – jusqu’au choc de l’ouverture des camps.

Si aujourd’hui l’évocation des camps de concentration, ouverts dès l’accession des nazis au pouvoir en janvier 1933, nous comble d’effroi, ce ne fut pas toujours le cas. Ces premiers camps étaient destinés à incarcérer les opposants, réels ou supposés, à l’idéologie nationale-socialiste. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer Oranienburg, Dachau ou Columbia-Haus, à Berlin même.

Dans un premier temps, ces camps étaient sauvages, avant d’être institutionnalisés. Surtout, ils ne furent pas cachés, bien au contraire : le nouveau régime en fit la publicité, créant un intérêt éphémère dans la presse, d’abord allemande, puis étrangère et notamment française, vite remplacé, comme nous le verrons par d’autres…

L’objectif de cette publicité était de montrer à la fois que les détenus n’étaient pas maltraités, au contraire, et qu’ils en sortaient « rééduqués », capables de s’intégrer dans la « communauté du peuple » nationale-socialiste. Il s’agissait aussi d’un avertissement à ceux qui seraient tentés de s’opposer à la politique en vigueur. Durant les premiers mois, des conférences de presse furent même organisées, montrant ouvertement le cynisme du nouveau régime.

Ainsi, en mars 1933, Heinrich Himmler, Reichsführer de la SS, député nazi et préfet de police de Munich, annonça dans une conférence de presse l’ouverture d’un camp près de Dachau, destinés entre autres aux marxistes, aux communistes, mais aussi à des opposants d’extrême droite, sur le prétexte de la mise en péril de la sécurité de l’État. Dans la même conférence, Himmler annonÃ...

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