Chronique

1888 : L’abolition de l’esclavage au Brésil vue par la presse française

le par

Johann Moritz Rugendas, « Nègres à fond de cale » in: Voyage Pittoresque dans le Brési, lithogravure, 1835 - source : Gallica-BnF

Le processus de l’abolition au Brésil, fruit d’un long travail de la part des abolitionnistes locaux, est alors régulièrement commenté par les observateurs français. Ils y célèbrent non sans condescendance l’entrée de l’empire parmi les « pays civilisés ».

L’abolition de l’esclavage au Brésil est un processus de longue haleine dont la presse française a rendu compte de façon régulière, au nom du combat universel des abolitionnistes contre les derniers réduits de l’esclavage dans le monde, principalement le Brésil et Cuba.

Sous la IIIe République, cette presse suit de près les débats et les résistances qu’affrontent le camp abolitionniste au Brésil, comme en témoigne cet article paru dans Le Petit Parisien le 19 septembre 1885 :

« Il vient de se produire au Brésil une crise ministérielle, motivée par la question de l'abolition de l'esclavage, et le Cabinet libéral a été renversé parce qu'il proposait des mesures financières pour réaliser enfin cette réforme.

Que la marche du progrès est lente et que de résistances il faut vaincre à chaque pas en avant ! Notre siècle, qui vieillit, se terminera-t-il avant que la lèpre hideuse de l'esclavage ait disparu ? Il a fallu la terrible guerre de Sécession pour affranchir les esclaves des Etats-Unis et délivrer la grande République américaine de cette souillure. […]

À Rio de Janeiro, personne n'oserait dire à la tribune du Parlement qu'il repousse absolument l'abolition de l’esclavage, mais les conservateurs s'évertuent à trouver des moyens d'ajournement et, dans la pratique, ils ont réussi jusqu'à ce jour à éviter l'échéance qu'ils redoutent.

On a décrété, par exemple, que tous les enfants nés depuis une certaine date seraient libres, et que tous les vieillards, après un certain âge, le deviendraient. »

Signé Jean Frollo, pseudonyme de Charles-Ange Laisant, homme politique radical et directeur du journal, l’article traduit bien l’état d’esprit de l’opinion publique en France, s...

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