Chronique

Juin 1876 : déposition et assassinat du sultan ottoman Abdülaziz

le par

« Mort d'Abdülaziz », tableau de Victor Masson, 1876 - source : WikiCommons

Peu après la déposition du chef d’État, les yeux des observateurs internationaux sont tournés vers Istanbul. Ils se demandent si, comme d’autres sultans turcs renversés par le passé, celui-ci va disparaître – ce qui s’avère être le cas.

Le vendredi 2 juin 1876, Le Français annonce en première page, dans sa rubrique « Dernière heure », une communication de la part de l’Agence Havas depuis Constantinople au sujet de la déposition du sultan Abdülaziz :

« Le général Redif-pacha fut chargé d’annoncer au sultan qu’il était déposé de par la volonté nationale et de le sommer d’avoir en conséquence à quitter son palais.

Les ministres – ajouta Redif-pacha, – ont, en effet, jugé, après avoir consulté le peuple, que cette résolution était rendue indispensable par le refus du sultan de faire les réformes nécessaires et de changer sa manière de vivre. »

Si ce coup d’État ayant eu lieu dans la nuit du 29 au 30 mai 1876 – essentiellement le fait d’un groupe de réformateurs issus de la haute bureaucratie civile – n’a rien d’inédit au regard des annales ottomanes, où les sultans déposés sont nombreux, une idée apparaissant dans le passage cité frappe cependant par sa nouveauté. En effet, le sultan aurait été déposé par « l’opinion publique », ce qu’Havas formule dans les expressions « de par la volonté nationale » et « après avoir consulté le peuple ».

L’historiographie récente de l’Empire ottoman confirme en effet cette interprétation : le renversement du sultan Abdülaziz aurait bien été l’œuvre de l’opinion publique d’alors, dont la montée en puissance date des années 1860 – phénomène s’inscrivant notamment dans le prolongement de l’émergence de la presse indépendante dans l’empire. Le successeur éphémère d’Abdülaziz, le sultan Murad V (qui ne serait  par ailleurs souverain que quelques mois), précise justement dans sa déclaration d’accession au trône qu’il « était devenu le sultan par la faveur du Tout-puissant et par la volonté du peuple ».

Pour en revenir au Français, dans la même Une, sous le t...

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