Chronique

Lorsque Barbey commentait la publication du « Journal de Louis XVI »

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Les Adieux de Louis XVI à sa famille, estampe, 1815 - source : Gallica-BnF

En 1873, Louis Nicolardot publie pour la première fois le Journal de Louis XVI, archive aujourd'hui bien connue pour le fameux « Rien » commentant le 14 juillet 1789. Barbey, homme de lettres redouté, analyse alors pour Le Figaro les notes du dernier souverain de l’Ancien Régime.

Depuis 1873, on a beaucoup débattu sur la valeur qu'il fallait accorder au Journal de Louis XVI et aux informations qu'il contient. Si l'idée d'un journal de chasse a fini par prévaloir – elle y tient en effet une place prépondérante – il faut vraisemblablement plutôt considérer que le roi s'en servait comme couverture.

La domesticité du souverain pouvait se référer au journal pour renseigner les curieux qui s'intéresseraient de trop près à sa vie privée. C'était une sorte d'agenda officiel, qu'il mettait au propre à la fin de chaque mois, éventuellement avec l'apport de notes provenant d'autres personnes, notamment des officiers de la vènerie du roi pour les précisions sur les chasses. Il ne faut donc pas trop le prendre au pied de la lettre. Lorsque d'autres sources permettent la comparaison, on peut surprendre le roi en train de donner des informations imprécises, voire complètement fausses.

Il était loin d'être le seul à en agir ainsi. Le journal du favori de Marie-Antoinette Axel de Fersen, par exemple, est tout aussi mensonger. La prudence est donc de mise lorsque l'on étudie les journaux intimes, qui n'ont souvent d'intime que le nom.

Malgré tout, la mise au jour de ce journal marquait une étape importante car une véritable chape de plomb avait recouvert la mémoire de Louis XVI lors des régimes qui ont suivi la Révolution : la Restauration en avait fait un roi faible et pieux, la Monarchie de Juillet et le Second Empire, un bon père de f...

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