Chronique

1867 : Les ouvriers du bronze français soutenus par l’Internationale ouvrière

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Défilé d'ouvriers bronziers lors des obsèques de Zéphirin Camélinat, figure de la Grève des bronziers puis de la Commune, L'Humanité, 1933 - source : RetroNews-BnF

Tandis qu’un conflit social intense oppose travailleurs du bronze et directeurs de fabriques, les ouvriers parisiens font appel pour la première à leurs camarades britanniques afin de faire pencher la balance en leur faveur. Le résultat est sans appel : victoire des bronziers.

Paris, hiver 1867. Le conflit salarial qui, larvé depuis début janvier, oppose de nombreux ouvriers du bronze à leurs fabricants dégénère brusquement à la fin du mois de février. Jusqu’alors circonscrit à quelques ateliers, le conflit se généralise lorsque, porté à quelques excès, l’un des fabricants – F. Barbedienne –, ayant dédaigné le relèvement tarifaire proposé par ses ouvriers, leur fait de surcroît l’affront d’exiger qu’ils quittent la « société de résistance » (on ne parle pas encore de syndicat) à laquelle ils appartiennent et dont il présume la paternité cachée des réclamations... 

Il n’en fallait pas plus pour exciter la colère des bronziers, déjà chauffés à blanc : se sentant menacée, la société des ouvriers prononce la mise à l’index des ateliers Barbedienne et, dans une fuite en avant que rien ne semble plus pouvoir endiguer, les patrons, coalisés autour de ce dernier, répliquent à l’interdit par le lockout général de toutes leurs maisons

Le lundi 25 février, la fermeture administrative de tous les ateliers ne souffre aucune exception. L’industrie du bronze rentre en sommeil, paralysée.

Or cette paralysie du plus beau fleuron de l’industrie nationale – le bronze parisien ! – à la veille de l’Exposition Universelle suscite bien des remous. Grève ouvrière ou lock-out patronal ? Sur qui donc pèsera la charge d’un très probable fiasco ? 

Le conflit fait désormais rage à ciel ouvert : de nombreux journaux acceptant de s’en faire l’écho, patrons et ouvriers se livrant bataille à coup de communiqués interposés. Il s’agit de rallier l’opinion publique à soi, et pour cela, se dédouaner d’une responsabilité qu’on impute à la partie adverse.

Ouvrant ses colonnes aux deux protagonistes, Le Temps du 27 février rapporte : 

« Une assemblée générale de l’industrie du bronze, tenue, dans le local de la Société, le 22 février courant, a adopté les résolutions dont voici le texte : 

“La grève s’étant chaque jour aggravée et continuant à menacer toute notre industrie, 

L’Association des fabricants maintient sa résolution de fermer ses ateliers lundi 25 courant ; 

La réouverture n’aura lieu qu’au...

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