Chronique

28 septembre 1864 : naissance de l’Association Internationale des Travailleurs

le par

Premier congrès de l'Association internationale des Travailleurs, auteur inconnu - Source WikiCommons

Du meeting de Saint-Martin's Hall aux commémorations de cet acte fondateur de l'A.I.T. et de ses figures emblématiques, l'historien Paul Boulland analyse l'histoire de l'Association Internationale des Travailleurs au fil des diverses appropriations politiques.
Le 28 septembre 1864, environ 2000 personnes sont rassemblées au Saint-Martin’s Hall de Londres. La réunion publique a été convoquée en solidarité avec la Pologne, contre l’autoritarisme de l’Empire russe. Mais l’événement marque surtout l’acte de naissance de l’Association internationale des Travailleurs, désignée ultérieurement comme la première Internationale.
Ce meeting concrétise les liens tissés au cours des deux années précédentes entre ouvriers anglais et français. En 1862, dans le cadre de l’Exposition universelle de Londres, plusieurs centaines de délégués ouvriers français se sont rendus dans la capitale anglaise, avec le soutien du gouvernement de Napoléon III. L’élection de ces délégués a d’ailleurs été relayée par la presse :
Et l’on peut retrouver les comptes rendus de certaines réunions :

Toutefois, ces rencontres sont essentiellement encadrées par le patronat anglais. Seuls quelques ouvriers ont réellement l’occasion d’échanger avec leurs homologues londoniens et avec leurs organisations. Parmi ceux-ci, Henri Tolain , ouvrier ciseleur parisien (voir sa biographie dans le Maitron).

En juillet 1863, des syndicalistes anglais, emmenés par Georges Odger (voir sa biographie dans le Maitron), lancent une nouvelle invitation aux Français. Leur adresse en appelle à la coopération internationale entre ouvriers, avec deux objectifs principaux : peser sur la politique étrangère des gouvernements pour soutenir les mouvements de libération nationale – particulièrement en Pologne – et lutter contre la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle internationale, essentiellement contre le recrutement de main-d’œuvre étrangère pour briser les grèves ou tirer les salaires vers le bas. Après une correspondance nourrie, l’initiative aboutit donc ce 28 septembre 1864.

En fonction des objectifs affichés l’année précédente, le meeting de Saint-Martin’s Hall attire un public venu d’horizons politiques variés. Aux ouvriers français et aux militants des trade unions anglais (syndicats) se mêlent de nombreux exilés politiques polonais, italiens, français ou allemands. Parmi ces derniers, Karl Marx, qui ne s’exprime pas à la tribune et n’est pas à l’origine de la constitution de l’AIT, mais qui sera investi de la tâche fondamentale d’en rédiger les statuts.

Trois ouvriers français ont gagné la capitale anglaise pour l’occasion : Henri Tolain, Antoine Limousin (voir sa biographie dans le Maitron) ...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.