Le 6 février 1934 reste dans les mémoires françaises comme le début d'une crise politique de grande ampleur. Ce jour-là, les manifestations antiparlementaires organisées à Paris par des groupes de droite et d'extrême-droite ont viré à l'émeute et ont provoqué la mort d'une trentaine de personnes.
Pour la gauche, passé le choc, il s'agit de riposter. La SFIO se rallie à l'initiative de la CGT pour une contre-manifestation le 12 février. Le Parti communiste, qui refuse de suivre le mouvement, appelle à un rassemblement pour le 9 au soir, place de la République. Les sympathisants répondront présents, mais la manifestation sera violemment réprimée par la police lors d'affrontements tout autour de la place. Le bilan est de quatre morts et d'une centaine de blessés.
La presse du lendemain, bien entendu, est divisée. L’Écho de Paris, proche de la droite, titre :
« Empêchés de manifester place de la République, les communistes ont livré aux policiers de sanglantes batailles de rues. Ils ont tenté d'incendier l'église Saint-Ambroise. Plus de deux cents blessés hospitalisés. »
L'Humanité, qui a relayé l'appel à manifester, titre quant à elle :
« Durant cinq heures, travailleurs communistes et socialistes réunis pour la lutte contre le fascisme disputent héroïquement la rue à la police de Chiappe et de Bonnefoy-Sibour. »
Jean Chiappe est l'ex-préfet de police proche de l'extrême-droite qui a été démis de ses fonctions quelques jours plus tôt. Adrien Bonnefoy-Sibour est son remplaçant. Certains historiens ont vu dans la journée du 9 une sorte d'ultime soubresaut du Paris communard, de nombreux habitants de l'Est parisien ayant soutenu les manifestants contre la police. C'est aussi l'un des ferments de l'antifascisme unitaire (le PCF et la SFIO défilent côte à côte le 12) qui aboutira en 1936 au gouvernement de Front populaire.
Ecrit par
Pierre Ancery est journaliste. Il a signé des articles dans GQ, Slate, Neon, et écrit aujourd'hui pour Télérama et Je Bouquine.