1902. La France de l'après Dreyfus est divisée en deux camps. Depuis trois ans, le gouvernement Waldeck-Rousseau (modéré progessiste) est en lutte contre les ligues nationalistes. Il a mis l'armée au pas et mène une bataille contre l'Église, qu'il accuse de s'être compromise dans un antidreyfusisme radical.
Le Bloc des gauches, alliance de forces politiques de gauche, est créé en 1899 en vue des élections législatives de 1902.
Dès le premier tour du scrutin, les élections opposent les partisans de chacune des deux France dans une atmosphère extrêmement conflictuelle.
Le Bloc des gauches appelle alors à La Défense républicaine. Ainsi, en mai 1902, pendant l'entre-deux-tours, la "Fédération française de la libre-pensée" appelle les électeurs à faire barrage à ceux qui voudraient entraver "la marche progressive des réformes" ( ici rapporté dans La Lanterne) :
"Aux républicains, aux socialistes, aux libres penseurs
Citoyens,
La situation électorale impose un devoir à tous les citoyens convaincus que le nationalisme, nouvelle forme du boulangisme, est une menace au progrès démocratique, celui de faire l'union sur les noms des candidats que le suffrage universel a désignés pour être les représentants du parti républicain. [...]
Citoyens,
Entre les agents de la Congrégation, qui veulent mettre la France sous le joug de l'Eglise, et les républicains qui veulent poursuivre l'œuvre de la Révolution et rendre la République meilleure, vous n'hésiterez pas, vous voterez pour les républicains désignés par le suffrage universel."
La participation aux élections est forte (80 %). Le Bloc des gauches remporte une nette victoire grâce aux désistements, avec 370 sièges (dont 220 radicaux) contre 220 aux droites divisées.
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Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.