Écho de presse

Barère, octobre 1793 : « Détruisez la Vendée ! »

le 28/05/2018 par Marina Bellot
le 07/02/2018 par Marina Bellot - modifié le 28/05/2018
Portrait de Bertrand Barère à la tribune, Dominique Vivant Denon - source : Gallica-BnF

En réaction au soulèvement royaliste de la Vendée, le député Barère, promoteur acharné de la Terreur, en appelle à sa destruction pure et simple.

3 mars 1793. Les émeutes annonciatrices de la guerre de Vendée débutent dans la ville de Cholet. Des jeunes gens du canton réunis par le district pour prendre connaissance des modalités du recrutement pour la levée des 300 000 hommes, décidée en février par la Convention, manifestent leur refus de participer à la guerre. Les émeutiers s'attaquent à des grenadiers, deux d'entre eux sont blessés. Les gardes nationaux ouvrent alors le feu sur la foule, trois personnes sont tuées.

« La ville de Cholet est dévastée. Enhardie par ses succès, la horde se porte maintenant vers Saumur », avertit le journal révolutionnaire Le Mercure universel dans son édition du 20 mars. Les affrontements se répandent en effet comme une traînée de poudre dans les villes voisines ; une guerre civile éclate.  

Face à l'insurrection de la Vendée, aux soulèvements dans les campagnes, et à l'agitation à Paris orchestrée par les Enragés, le député de la Plaine Bertrand Barère s'élève contre l'absence de direction homogène et efficace. Le 18 mars 1793, il prononce à la Convention un discours de soutien aux mesures révolutionnaires réclamées par la Montagne. Sous les applaudissements, il réclame avec force l'application de grandes mesures de sûreté générale et de salut public. 

Le 6 avril, la Convention crée le Comité de salut public. Barère est le mieux élu de tous les députés avec 360 voix. Il est nommé rapporteur attitré du Comité de salut public et le restera dix-sept mois  un record.  

Promoteur enthousiaste de la Terreur, c'est l'un des orateurs les plus influents de la Révolution. 

Le 1er octobre 1793, il prononce un discours d'une violence inouïe, qu'on trouve en partie consigné dans le journal révolutionnaire Le Mercure universel, et qui restera célèbre pour ces mots :  « Détruisez la Vendée ».

Son rapport, lu au nom du Comité de salut public, stigmatise les Vendéens accusés d’être des brigands, des royalistes, des conspirationnistes et des fanatiques. Et appelle donc, ni plus ni moins, à la destruction de la région : 

« Citoyens, l'inexplicable Vendée existe encore, et les efforts des républicains ont été jusqu'à présent insuffisants contre les brigandages et les complots des royalistes qu'elle recèle. La Vendée, ce creuset où s'épure la population nationale, devrait être anéantie depuis longtemps, et elle menace encore de devenir un volcan dangereux. [...]

C'est donc à la Vendée que vous devez porter toute votre attention, toutes vos sollicitudes ; c'est à la Vendée que vous devez déployer toute l'impétuosité nationale et développer tout ce que la république a de puissance et de ressources. 

Détruisez la Vendée, Valenciennes et Condé ne sont plus au pouvoir de l'Autrichien.

Détruisez la Vendée, l'Anglais ne s'occupera plus de Dunkerque.

Détruisez la Vendée, et le Rhin sera délivré des Prussiens.

Détruisez la Vendée, et l'Espagne se verra harcelée, conquise par les méridionaux joints aux soldats victorieux de Mortagne et de Cholet.

Détruisez la Vendée, et une partie de cette armée de l'intérieur ira renforcer l'armée du Nord, si souvent trahie, si souvent travaillée.

Détruisez la Vendée, et Lyon ne résistera plus ; Toulon insurgera contre les Espagnols et les Anglais, et l'esprit de Marseille se relèvera à la hauteur de la révolution républicaine. [...] 

C'est là qu'il faut frapper d'ici au 15 octobre, avant l'hiver, avant les pluies, avant l'impraticabilité des routes, avant que les brigands trouvent une sorte d'impunité dans le climat et les saisons. »

La loi du 1er octobre 1793, aussi appelée « loi d'extermination », est votée par la Convention. Son article 3 dispose : 

La Convention nationale compte sur le courage de l'armée de l'Ouest et des généraux qui la commandent pour terminer, d'ici au 20 octobre, l'exécrable guerre de la Vendée.

La guerre de Vendée, qui connaîtra plusieurs phases dont une période d'accalmie au printemps 1795, ne prendra en réalité fin qu'au début de l'année 1796. 

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