Écho de presse

La parution de « La France juive » de Drumont, best-seller antisémite et complotiste

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Couverture de « La France juive », pamphlet antisémite d'Edouard Drumont, 1886 - source : Gallica-BnF

Publié en 1886, huit ans avant l'affaire Dreyfus, le pamphlet antisémite d’Édouard Drumont, La France juive, remporte en France un vaste succès. Dans le même temps, l'ouvrage suscite une vive polémique dans la presse.

En 1886, la France ne se déchire pas encore autour de l'affaire Dreyfus et les journaux ne se livrent pas encore à la surenchère antisémite qui alimentera nombre d'entre eux après 1894. Un livre, cette année-là, va pourtant diviser la presse sur la « question juive », comme on l'appelle alors.

 

C'est La France juive, volumineux ouvrage de 1 200 pages se présentant comme un « Essai d'histoire contemporaine », en réalité un pamphlet antisémite d'une rare violence. Son auteur, Édouard Drumont (1844-1917), est alors peu connu hors des cercles journalistiques dans lesquels il évolue depuis les années 1870. La France juive va le rendre célèbre.

Dans ce livre publié à compte d'auteur et qui va rapidement être un succès de librairie (62 000 exemplaires vendus la première année), Drumont s'escrime à dénoncer un prétendu « complot juif » dirigé contre la France.

 

Ranimant l’ancien anti-judaïsme chrétien – marqué par la défiance envers le peuple « déicide » de la Bible –, il l'actualise en théorisant la figure du « Juif » conspirant contre les « Français » afin de s'accaparer les richesses nationales. Pour Drumont, la finance, les banques et le capitalisme sont aux mains des Juifs.

 

Dans un contexte de recul de l’Église catholique, de tensions sociales et de crise morale consécutive à la défaite de 1870, et alors qu'une dissémination générale d'énoncés hostiles aux Juifs existe déjà en France, ce discours va séduire beaucoup de lecteurs. Toute une partie de la presse va pourtant dénoncer les affabulations de Drumont.

 

Le Temps, journal relativement conservateur, écrit ainsi en avril 1886 :

« Rien ne saurait mieux donner une idée de l'esprit dans lequel a été écrit la France juive que la comparaison que l'auteur fait au début du livre entre le sémite et l'aryen. “Le sémite, dit-il, est mercantile, ...

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