Écho de presse

1919 : « Le suffrage des femmes est enterré »

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« Pour faire entendre leur voix, il ne leur suffit plus d'un piano... Elles veulent un bulletin de vote ! », illustration parue dans Le Pêle-mêle, 1919 - source : RetroNews-BnF

En mai 1919, la question du suffrage intégral pour les femmes est débattue à la Chambre des députés. Par le jeu de manœuvres politiques, la proposition de loi sera adoptée... pour être mieux enterrée.

Après la Première Guerre mondiale, après avoir durement travaillé pour remplacer les hommes partis au front, les femmes réclament l’égalité politique.

Quatre ans plus tôt, déjà, le quotidien Le Journal avait organisé un référendum auprès des Françaises afin de mesurer leur désir de voter et leur réponse avait été sans appel : plus de 500 000 réponses favorables, contre seulement une poignée d'avis défavorables.

En mai 1919, un projet est donc déposé, pour la première fois, afin d'accorder le droit de vote et d'éligibilité aux femmes.

La proposition de loi est examinée par la Chambre en mai 1919. Elle propose le vote des femmes âgées de trente ans et plus, ainsi que l'électorat et l'éligibilité au conseil municipal, de même que l'électorat pour le conseil d'arrondissement et le conseil général.

Sans surprise, cette proposition fait débat. Et le premier argument des opposants est celui de la préservation de la famille : la femme, destinée à procréer, ne serait-elle pas détournée de ses fonctions « naturelles » ?

Le sénateur Eugène Milliès Lacroix, cité par la féministe Maria Vérone dans L'Œuvre, exprime parfaitement l'argumentaire développé à l'époque :

« “La nature a fait de la femme la compagne de l'homme au foyer, où elle remplit tout à la fois un rôle humain et des fonctions sociales, comme épouse et comme mère, par la procréation et par l'éducation des enfants.

Il serait à craindre qu'elle ne fût détournée de ce rôle et de ...

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