Écho de presse

Quand les révolutionnaires voulaient rendre le tutoiement obligatoire

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« Sans-culottes en armes », gouache de Jean-Baptiste Lesueur, 1793 - source : Musée Carnavalet-WikiCommons

En 1793, les révolutionnaires mettent la question du tutoiement pour tous à l'ordre du jour de la Convention. Divisés, ils ne parviendront pas à le rendre obligatoire, comme le réclamaient ses plus fervents partisans.

Pendant les premiers mois de la première République, les députés révolutionnaires ouvrent une réflexion sur le tutoiement et le vouvoiement. À première vue anecdotique, le sujet est en réalité révélateur de l'effervescence des revendications égalitaires de l'époque.

La monarchie a été abolie et la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen adoptée ; de sujet, l’homme est devenu un citoyen parmi les citoyens.

Dans cette société nouvelle qui doit réaliser « le règne heureux de l’égalité » (l'expression est utilisée dans La Chronique de Paris en 1792), le langage apparaît comme l’un des instruments de la perpétuation d’un ordre social hiérarchisé.

C’est dans ce contexte que, le 10 Brumaire an II (31 octobre 1793), un délégué des Sociétés populaires, Malbec, propose de rendre le tutoiement obligatoire dans les administrations, comme s'en fait l'écho Le Mercure universel :

« Un pétitionnaire vient faire observer que notre langue doit être exactement comme nos pensées ; le vous, dit-il, exprime le pluriel, pourquoi donc des hommes qui se disent libres ne se servent-ils du toi qui marque le singulier lorsqu'ils ne parlent qu'à une seule personne ...

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