Écho de presse

1888 : la droite, via la « Ligue de la consultation nationale », appelle à renverser la République

le par

Georges Boulanger à la tribune de la Chambre, illustration tirée d'un détail de la couverture des « Nouvelles chansons boulangistes », Villemer, 1888 - source : WikiCommons

En 1888, dans une République marquée par l’instabilité parlementaire, la droite conservatrice fonde la Ligue de la consultation nationale, avec deux mots d’ordre : dissolution du Parlement et révision de la Constitution.

Dès la fin des années 1880, la Troisième République vacille, marquée par une forte instabilité parlementaire consécutive d'un échec des gouvernements successifs à convaincre l'opinion.

Jouant sur les passions antiparlementaires de la France d'alors, le phénomène « boulangiste » – du nom de Georges Boulanger, ancien ministre de la Guerre de Clemenceau – prend de l’ampleur, tandis que les anti-républicains (alors nombreux et influents) réclament le renversement pur et simple de la Troisième République.

Pour remédier à ce qu’ils nomment « l’anarchie parlementaire », les conservateurs tentent de s’unir et créent la « Ligue de la consultation nationale », qui rassemble royalistes, bonapartistes et boulangistes :

« Article 1er. – Une association est formée entre les comités, groupes ou personnes qui adhéreront aux présents statuts. L'association prend le nom de Ligue de consultation nationale.

Art. 2. – Le siège de l'association est à Paris.

Art. 3. – La Ligue de consultation nationale a pour but d'éclairer le pays en organisant la propagande par des publications, des conférences, des réunions publiques ou privées, en un mot, par tous les moyens légaux. »

Pendant plusieurs semaines, cette Ligue de la consultation nationale mène une campagne de presse tambour battant et fait entendre sa voix dans tous les journaux conservateurs.

Son but ? « Rendre la parole à la France » rapporte complaisamment le quotidien de droite catholique L’Espérance :

« Les députés de la droite, sans distinction de nuance politique, ont fondé une Ligue de consultation nationale qui a pour but de rendre la parole à la France.

Cette Chambre incapable ne saurait plus longtemps gouverner la patrie. Nos députés se sont en effet disputés, chamaillés, renversés entre eux sans se préoccuper autrement des intérêts majeurs dont ils étaient chargés. [...]

Ont-ils fait sage ? Ont-ils fait grand ? Ont-ils fait utile ? Partout et toujours le néant.

Cette Chambre impuissante et déconsidérée se réveille pourtant de sa torpeur lorsqu’il s’agit de commettre une action malhonnête ou de soutenir une mauvaise cause. 

Le vieux sang de jacobin...

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