Écho de presse

Il y a cent ans : l’anarchiste qui a « vengé Jaurès » en tuant un Camelot du roi

le par

Photo d'identité judiciaire de Germaine Berton, meurtrière du chef des Camelots du roi Marius Plateau, 1923 - source : WikiCommons

En 1923, Germaine Berton tue de plusieurs balles Marius Plateau, chef des Camelots du roi. Malgré l’effarement de la classe politique, la jeune anarchiste est acquittée – comme le fut Raoul Villain, assassin de Jean Jaurès.

Le 22 janvier 1923, Germaine Berton, jeune anarchiste de 21 ans, pénètre dans les locaux parisiens de la ligue de l’Action française, organisation royaliste d’extrême-droite. Là, elle abat de plusieurs balles Marius Plateau, chef des Camelots du roi.

« Dans l'après-midi, 1 heure 45 exactement, elle se rendit rue de Rome, dans les bureaux de l'Action Française, tenant une lettre à la main. Elle demanda à parler à Marius Plateau, secrétaire général des Camelots du roi, chargé de la propagande de la ligue.

Celui-ci la reçut un peu plus tard. Elle resta environ une demi-heure avec lui dans son cabinet et, à la sortie, dans le vestibule, elle lui tira cinq balles de revolver, puis tournant son arme contre elle-même, elle se tira une balle au-dessus du sein gauche.

M. Marius Plateau s'affaissa presque aussitôt. »

Ouvrière métallurgiste et syndicaliste, le jeune femme visait tout d’abord Charles Maurras ou Léon Daudet, les deux plus grandes figures du monarchisme et du nationalisme clérical d’alors.

« Germaine Berton s'était rendue dans la matinée à l’église Saint-Germain-L’Auxerrois, où avait lieu la messe-anniversaire de la mort de Louis XVI, dans l'espoir d'y rencontrer Daudet.

Elle y vit Maurras, qui était très entouré. »

Germaine Berton a retourné son arme contre elle, mais n’a pas réussi à se suicider. Blessée, elle est immédiatement arrêtée. Aux enquêteurs qui l’interrogent, elle répond qu’elle est anarchiste et qu’elle a agi seule afin de venger Jean Jaurès, dont le meurtrier, membre de l'organisation nationaliste La Ligue des jeunes amis de l'Alsace-Lorraine, a été acquitté quatre ans plus tôt.

Pour le journal L’Action française, le coupable est connu : au-delà de Germaine Berton, il s’agit de l’ennemi de toujours : l’Allemagne, et à travers elle, les « germano-bolchévistes ». Le q...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.