Écho de presse

Contre l'anarchisme, le scandale des « agents provocateurs » de la police

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Manuel de préparation d'un bâton de dynamite à destination des « anarchistes dynamiteurs », Les Annales politiques et littéraires, 1893 - source : RetroNews-BnF

Dans les années 1880, plusieurs affaires révèlent le recours par l'État à des agents provocateurs pour mettre à mal le mouvement anarchiste. Une pratique que dénoncera Jean Jaurès dans son combat contre les lois scélérates. 

Le 30 avril 1894, Jean Jaurès, député socialiste, prononce devant la Chambre une violente diatribe contre les lois anti-anarchistes, série de mesures liberticides et répressives visant à mettre à mal le mouvement anarchiste en France – et qui passeront à la postérité sous le terme « lois scélérates ». 

Dans ce discours devenu célèbre, Jaurès dénonce notamment avec force l’usage d’« agents provocateurs », individus recrutés par le gouvernement dans le but d’inciter les anarchistes à commettre des actes violents :

« C’est ainsi que vous êtes obligés de recruter dans le crime de quoi surveiller le crime, dans la misère de quoi surveiller la misère et dans l’anarchie de quoi surveiller l’anarchie. (Interruptions au centre. – Très bien ! très bien ! à l’extrême gauche.) 

Et il arrive inévitablement que ces anarchistes de police, subventionnés par vos fonds, se transforment parfois – comme il s’en est produit de douloureux exemples que la Chambre n’a pas pu oublier – en agents provocateurs. »

Jaurès se fait plus précis encore, évoquant une affaire trouble ayant eu lieu lors des grèves de Carmaux de 1892 : un certain Tournadre avait alors proposé aux ouvriers d’acheter de la dynamite… grâce aux fonds d’éminentes personnalités capitalistes de l’époque, notamment le baron de Rothschild et la duchesse d’Uzès.

Le Petit Parisien rapporte les propos du député :

« Jaurès continue en déclarant que toujours, dans les attentats anarchistes, on trouve l’intervention soit du gouvernement, soit des chefs du parti conservateur.

Il soutient que dans la grève de Carmaux le pseudo-compagnon Tournadre, excitant aux attentats les plus criminels, jouait évidemment le rôle d'un agent provocateur, et chacun se demandait si son intervention n'était pas payée par les fonds secrets.

M. Jaurès ajoute que, en dehors de l'action du gouvernement, on trouve partout et toujours l'intervention de banquiers, de directeurs de grands magasins, on rencontre les noms de M. de Rothschild et de la duchess...

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