Écho de presse

La Mano Negra : la présumée société anarchiste qui terrorisait l’Andalousie

le par

Coupables présumés d’appartenance à la Mano Negra dans la prison de Xeres, 1883 - source : WikiCommons

Dans les années 1880, le sud de l’Espagne voit incendies, pillages et enlèvements de propriétaires se multiplier. Pour le gouvernement, les coupables sont tout désignés : une mystérieuse organisation anarchiste aux méthodes violentes, la « Main noire ».

Des oliveraies et des vignes saccagées, des exploitations agricoles pillées et des incendies à répétition. À la fin de l’année 1882, les villes de Cadix, Jerez de la Frontera dévoilent un tableau dramatique d’une région où les contestations fourmillent et les revendications ouvrières s’intensifient.

La crise de 1879 a porté un coup sévère à l’économie de la province et surtout la succession de mauvaises récoltes a profondément touché le sud de la Péninsule, provoquant une longue période de famine. Et le froid d’un hiver glacial qui s’annonce.

Parallèlement, le mouvement ouvrier s’organise : 1879, c’est également la création du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE), faisant craindre aux autorités un risque général de subversion.

En France, les journaux regardent d’abord d’un œil discret les événements. Le Temps rapporte ainsi le 7 novembre 1882 :

« Les populations ouvrières de Jerez en Andalousie ont manifesté quelques symptômes d’agitation, résultat de la terrible disette et des mauvaises récoltes qui ont affligé cette année le midi de la Péninsule et ont augmenté terriblement l’émigration vers nos provinces algériennes, purement causées par une misère affreuse, n’ont eu aucun caractère social, ni révolutionnaire. »

Une semaine plus tard, Le Journal des débats politiques et littéraires dépeint toutefois un climat bien différent : 

« La crise alimentaire que le gouvernement n’a pas su conjurer à temps en prenant des mesures de prévoyance quand la sécheresse qui a désolé les provinces andalouses et la perte des récoltes qui en a été la conséquence ont laissé sans travail et sans ressources sur un grand nombre de points une population ouvrière assez considérable, commence à revêtir un caractère assez sérieux. »

Et conclut :

« Le caractère de ces grèves indique clairement qu’elles ont été inspirées par des fédération anarchistes et collectivistes. »

Les violences s’intensifient le 3 décembre 1882, lorsque Juan Núñez Chacón et son épouse Maria Labrador sont assassinés. Le lendemain on retrouve le corps sans vie de Bartolomé Gago Campos dit « Le Blanco de Benaocaz » dans sa ferme de la Parrilla à San Jose del Valle.

Assez vite les autorités désignent un coupable idéal : les membres de la Mano Negra, une étrange société anarchiste. La Justice  relate :

« Les journaux de Madrid continuent de représenter sous les couleurs les plus terrifiantes et les plus ‘’internationales’’ les troubles agraires qui se produisent depuis quelques mois dans la contrée située entre Cadix, Xérèx, Arcos et Séville.[…]

Le tribunal secret des anarchistes aurait fait exécuter douze affiliés infidèles aux terribles règlements de l’association occulte à laquelle o...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.