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1911 : le combat de Jaurès pour la retraite à 60 ans

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« Quelques gestes du citoyen Jaurès », Le Journal Amusant, 26 décembre 1903 - source : RetroNews-BnF

La « retraite de vieillesse » est instituée en 1910 pour les salariés du commerce, de l'industrie et de l'agriculture, concédant une retraite à... 65 ans. Dénoncée par les militants du mouvement ouvrier comme une « retraite des morts », elle constitue, aux yeux de Jaurès, une première avancée qui doit être suivie de luttes pour faire abaisser l'âge de départ à 60 ans.

Après des décennies de procédures parlementaires, la loi sur « les retraites ouvrières et paysannes » est votée le 5 avril 1910 à l'initiative de René Viviani, alors ministre du travail et de la prévoyance sociale (et fondateur, avec Jean Jaurès, du journal L'Humanité en 1904).

Cette loi est la première à instaurer une retraite obligatoire et générale pour « les salariées des deux sexes de l'industrie, du commerce, des professions libérales et de l'agriculture, les serviteurs à gages, les salariés de l'État [...] et les salariés des départements et des communes » (Le Droit, 8 avril 1910). Dans L'Humanité du 20 mai 1911, Jean Jaurès, qui milite de longue date pour l’instauration d'une loi sur les retraites, publie « Effort nécessaire » dans lequel il soutient le principe de la loi (malgré les anomalies et injustices qu'elle crée) : à ses yeux, elle doit être adoptée pour constituer un premier jalon. Mais le député du Tarn, conscient de l'« aberration » d'une retraite à 65 ans, détaille son plan d'action pour que l'âge de départ soit abaissé, dans le futur, à 60 ans.

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EFFORT NÉCESSAIRE

Que l'âge de 65 ans soit exorbitant, que la contribution de l'État, commençant à cent francs en période transitoire et s'abaissant par degrés, pour les générations qui se succèdent, à soixante francs en période normale, soit dérisoirement insuffisante, je l'ai rappelé hier, et il est à peine besoin de le démontrer.

Ce serait une aberration de ne pas effacer de la loi, d'urgence, ces tares qui peuvent être supprimées sans que la loi soit mise en péril, sans que ses cadres soient brisés, sans que son application soit compromise et livrée à la merci des adversaires de toute législation sociale.

Il y a un troisième point qui préoccupe les travailleurs, c'est la situation faite aux vieux ouvriers qui, au moment de l'application de la loi, seront compris entre 65 ans et 70 ans. C'est u...

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