Grands articles

1905 : La loi de séparation des Églises et de l'État vue par la droite royaliste

le par

Une du quotidien monarchiste "La Gazette de France" du 9 décembre 1905 - Source : RetroNews-BnF

Le 9 décembre 1905 est promulguée la célèbre loi sur la laïcité. Ses opposants catholiques, via La Gazette de France, interprètent le vote sur un mode messianique comme le « triomphe » des Juifs, protestants, francs-maçons et libres penseurs sur la France.

La loi de séparation, qui instaure la laïcité sans la nommer, vient mettre fin à un régime centenaire : depuis 1801, le concordat établi alors entre Napoléon et le pape Pie VII dispose que l’État français nomme les membres du clergé et finance le culte catholique. Dès les années 1870 et l’avènement de la IIIe République,des hommes politiques entreprennent la laïcisation progressive de la société française : lois Jules Ferry imposant entre autres la laïcité de l’enseignement primaire et la neutralité religieuse (1881-1882), rétablissement du droit au divorce (1884), liberté d’association (1901), interdiction aux congrégations religieuses d’enseigner – qui provoque une crise diplomatique avec la papauté (1904)…

Ainsi, les conservateurs et réactionnaires catholiques farouchement opposés à cette laïcisation considèrent la loi du 9 décembre 1905 comme l’aboutissement d’un processus débuté deux décennies auparavant et ourdi par les ennemis de la « France, fille aînée de l'Église ». En témoigne la Une véhémente, profondément antisocialiste, antirépublicaine et largement antisémite du quotidien royaliste La Gazette de France du jour même.

Les Juifs sont contents, les huguenots satisfaits

Le G⁂O⁂ [Grand Orient de France, NDLR] a donné à Loubet un jour de répit.

L'Officiel paraît, sans enregistrer la Loi de Séparation, qui renferme la grande pensée du règne du Haut Protecteur des Panamistes.

Ce sera pour demain.

Au reste, les « Prisonniers » du Sénat ne paraissent pas autrement pressés de voir Loubet couronner leur édifice. Ils sont sûrs de lui. Ils affectent de se montrer également fort tranquilles du côté des Catholiques, dès que la Croix affirme que M. Piou a la haute direction du mouvement Catholique : « Rallié il fut, rallié il reste, rallié il sera ». Tout ira au Ralliement, se plaisent à dire les Républicains.

De tous côtés « ce ne sont qu’interviews ».

M. Emile Morlot, Député, engage vivement ses amis à achever l’œuvre d’extirpation du Christianisme prescrite par Gambetta. M. Morlot a, d’ailleurs, fait son enquête : les Catholiques ne résisteront nulle part ; les Chefs, de purs bavards, encore moins que les simples Fidèles :

« La loi promulguée aujourd’hui sera appliquée dès le 1er janvier prochain, sans l’ombre d’une difficulté, sans la moindre résistance, sans l'apparence d'une secousse. Dans les milieux où les catholique...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.