Interview

1860 : Paris passe de 12 à 20 arrondissements

le par

Charles Vernier, « la bonne ville de Paris et ses nouveaux enfants », Le Charivari,1860 - source : RetroNews-BnF

En 1860, l'Empereur annexe la banlieue proche de Paris, qui passe de 12 à 20 arrondissements. Une annexion qui n'avait alors rien d'évident, comme le montre l'historien Alain Faure, qui s'est plongé dans les arcanes de cette « décision éminemment politique ».

RetroNews : Quelle est la situation de Paris et de sa proche banlieue dans les années 1850 ?

Alain Faure : Paris était à cette époque dans une situation très particulière puisqu’il existait deux enceintes. La première était le mur jadis élevé par les Fermiers généraux et qui constituait toujours la limite de la ville et de ses 12 arrondissements, mais, au début des années 1840, une enceinte concentrique avait été élevée pour protéger la ville, les fortifications dites de Thiers.

Une douzaine de communes, en tout ou partie, se retrouvèrent englobées dans la nouvelle enceinte, coincées en quelque sorte entre la ville ancienne et la nouvelle muraille. Le très fort développement démographique de ces communes dans les années 1840 et 1850 posa rapidement la question du sort à leur réserver : fallait-il ou non annexer cette banlieue en transportant les limites de la ville aux fortifications ? C’est ce qui fut décidé en 1860 : Paris agrandi compta désormais les 20 arrondissements que nous connaissons.

Précisément, l’objectif de vos travaux sur l’annexion de 1860 est de « pénétrer les arcanes d’une décision éminemment politique ». Comment expliquer que les raisons de cette annexion soient, encore aujourd’hui, obscures ?

En effet, la décision n’est pas claire quant à ses motivations. L'historiographie, abondante pourtant sur ce point, n’est pas toujours très convaincante. Le caractère inéluctable de l’annexion, dictée en quelque sorte par la « géographie », ne saurait être une explication. On a parlé d'une volonté de sécurité : annexer des zones réputées dangereuses pour les contrôler. Mais pourquoi à ce moment-là, et le danger était-il si grand ? La préoccupation fiscale – accroître les revenus de la ville en multipliant les contribuables – est une erreur : l’annexion, en réalité, a beaucoup coûté. Un tel flou vient du fait qu’on ne dispose pas de bonnes archives.

Les  incendies de la fin de la Commune, en mai 1871, ont fait disparaître à jamais les dossiers de l’administration parisienne et sans eux, sur un tel sujet et à une pareille époque, que dire d’assuré ? Mais nous avons tout de même la chance de posséder les procès-verbaux imprimés d'une commission de réflexion réunie en 1856 par le préfet de la Seine, Haussmann, où il avait convié des personnalités de confiance à donner leu...

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