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Un mystère législatif : histoire et applications des « votes de confiance »

À la veille du vote de confiance demandé par le premier ministre François Bayrou le 8 septembre 2025, retour sur cette pratique née bien avant la Ve République, qui a servi comme arme dans d’innombrables bras de fer entre pouvoirs exécutif et législatif. Explications de l’historien Frédéric Fogacci.

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Frédéric Fogacci

Avec

Frédéric Fogacci

Frédéric Fogacci est historien, agrégé et docteur en histoire. Il est actuellement directeur des études et de la recherche de la Fondation Charles De Gaulle.

Alice Tillier-Chevallier

Propos recueillis par

Alice Tillier-Chevallier

Alice Tillier-Chevallier est journaliste indépendante. Spécialisée en histoire, patrimoine et éducation, elle collabore notamment à Archéologia et à la revue Le Français dans le monde.

Publié le

4 septembre 2025

et modifié le 5 septembre 2025

Image de couverture

Discours d'Edouard Herriot à la Chambre, 1926 - source : Gallica-BnF

RetroNews : Quand la pratique du vote de confiance a-t-elle été mise en place ? Dans quel objectif ?

Frédéric Fogacci : Ce dispositif est inscrit dans les lois constitutionnelles de la IIIe République. Il a été conçu pour permettre au président du Conseil de s’assurer du soutien de sa majorité. Et il va très vite être utilisé à répétition – ce qui n’était pas du tout l’objectif initial. Il faut dire que tout au long de la IIIe République, en l’absence de majorité nette et de partis structurés, les députés ont une très forte conscience de l’autorité qui est la leur : ils ne s’estiment pas fortement engagés auprès du chef de gouvernement. Au moindre désaccord, ils n’hésitent pas à user de l’interpellation. 

Le vote de confiance devient alors une arme pour le président du Conseil – la seule qu’il ait à sa disposition pour tenir sa majorité. Chaque session parlementaire compte désormais plusieurs votes de ce type, souvent sur des questions totalement subalternes et qui aboutissent régulièrement à la chute du gouvernement, parfois sur un simple vote d’humeur…

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Et la pratique continue de plus belle sous la IVe République, malgré une nouvelle Constitution…

Les rédacteurs de la Constitution de 1946, et notamment le parti socialiste qui est largement à la manœuvre, ont bien conscience du problème. Parmi eux, Léon Blum, grand admirateur du modèle britannique et de sa grande stabilité, voudrait mettre fin à cette pratique : le vote de confiance systématique est à ses yeux le symbole absolu du « désordre parlementaire ».

La première de ses contributions à la Constitution est d’avoir remplacé la double investiture par une investiture simple : seul le président du Conseil passe désormais devant l’Assemblée, il n’a pas à se présenter de nouveau une fois son gouvernement constitué – ce qui évite la situation, jusque-là récurrente, d’un vote négatif de parlementaires déçus de n’avoir pas obtenu de portefeuille ! Deuxième contribution majeure : la régulation de la question de confiance. Le président du Conseil est désormais tenu de demander à son gouvernement d’engager sa confiance et obtenir un consensus ; pour éviter un vote défouloir, un délai de 24h doit séparer le débat sur la confiance et le vote lui-même. 

Les votes de confiance ne sont-ils pas innombrables, malgré tout ? Ils font bien souvent les gros titres de la presse dans les années 1940-50.

En 12 ans de régime, il y aura eu 164 votes de confiance. Leur rythme s’accélère au fil des ans : de 46 lors de la première législature (1946-51), on passe à 73 au cours de la seconde et, entre 1956 et 1958, ils ne seront pas moins de 45 ! Le summum est sans doute atteint par Edgar Faure le 27 février 1952, avec 20 votes en une seule journée.

Comment comprendre une telle multiplication ? Le contexte politique, les guerres d’Indochine puis d’Algérie sont-elles en cause ?

Si l’on assiste à une telle inflation, c’est que la constitution est détournée d’emblée par ceux qui la mettent en musique : des hommes de la IIIe République, qui reproduisent les pratiques anciennes au mépris des textes. Le ton est donné par Paul Ramadier, premier président du Conseil : investi en janvier 1947, il se présente devant l’Assemblée avec ses ministres pour demander un vote de confiance. C’est une double investiture de fait ! Le premier pilier du nouveau régime vient de tomber. 

Pour ce qui est de la question de confiance elle-même, Léon Blum comptait sur un jeu politique stabilisé par l’émergence de grands partis – ceux du tripartisme : le PC, la SFIO et le MRP. Or les élections de 1946 donnent une place non négligeable aux partis « charnières » – les radicaux-socialistes, les Indépendants, l’UDSR (le parti de François Mitterrand) notamment – qui ne peuvent exister qu’en monnayant leurs voix... Avec des majorités gouvernementales très hétérogènes, et qui le seront encore plus après l’exclusion des communistes du gouvernement en 1947, on revient à une équation strictement identique à ce qu’elle était sous la IIIe République : la question de confiance devient un outil systématique pour faire tenir ensemble une majorité très instable.

Les votes se multiplient d’autant plus qu’ils n’émanent pas uniquement du président du Conseil : les partis se livrent régulièrement à un véritable chantage à son égard pour qu’il engage la confiance du gouvernement, menaçant de la rupture. À partir de 1950 s’ajoute par ailleurs au vote de confiance en bonne et due forme – avec consultation préalable du gouvernement – une « pseudo question de confiance », inaugurée en 1950 par Henri Queuille : il suffit d’une déclaration solennelle annonçant que la pérennité du gouvernement est en jeu dans le vote qui va suivre, ce qui évite les concertations préalables...

Autre hypothèse pour les semaines à venir, celle du recours à l’article 16 de la Constitution de la Ve République, qui accorde des pouvoirs étendus au président de la République. A-t-il été conçu pour répondre à une situation de blocage politique par manque de majorité ?

Quand, en août 1958, De Gaulle défend cet article auprès du Comité consultatif constitutionnel, il se réfère à juillet 1940 et le vote des pleins pouvoirs à Pétain. Alors que l’État traversait alors une crise majeure, le président en avait été réduit à simplement consulter ; le président du Conseil, lui, était prisonnier des usages parlementaires et d’une majorité hétérogène ; aucune issue constitutionnelle n’était donc possible… 

Pour éviter ce genre de situation, l’article 16, argumente De Gaulle, donne certes du pouvoir, mais surtout il oblige le président de la République à prendre la situation en main en cas de crise majeure de l’État.

Mots-clés

IIIe RépubliqueIVe RépubliquelégislationLéon BlumAssemblée nationale
Alice Tillier-Chevallier

Ecrit par

Alice Tillier-Chevallier

Alice Tillier-Chevallier est journaliste indépendante. Spécialisée en histoire, patrimoine et éducation, elle collabore notamment à Archéologia et à la revue Le Français dans le monde.

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