Chronique

Mgr Jouin, un catholique intégriste contre le « péril judéo-maçonnique »

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Première page du "Péril judéo-maçonnique" de Monseigneur Jouin, 1932 - source : Gallica-BnF

Prélat et figure de la France réactionnaire du début du XXe siècle, Ernest Jouin fut le fondateur d’une revue complotiste, dont le but avoué était de déjouer les improbables « actions subversives » des « sociétés secrètes ».

Ernest Jouin est un prêtre traditionaliste, né en 1844 et décédé en 1932. Curé opposé à la loi de séparation de l’Église et de l’État de 1905, il fut poursuivi en 1907 en justice pour avoir diffusé des textes condamnant celle-ci. Mais, il est resté dans les mémoires pour avoir fondé en 1912 une revue antimaçonnique, la Revue Internationale des Sociétés Secrètes, également connue sous l’acronyme RISS, organe de presse de la Ligue Franc-catholique, qu’il a dirigé jusqu’à son décès en juin 1932.

La publication de la RISS, mensuelle puis bimensuelle, était partagée en deux volumes, l’un de couleur grise qui parut de 1912 à 1939 et qui portait essentiellement sur l’antimaçonnisme, l’autre de couleur rose, qui parut de 1928 à 1933, qui s’intéressait à l’occultisme et aux « sociétés secrètes ». Elle fut fondée dans le but de continuer le combat antimaçonnique des catholiques intransigeants ayant cru au canular de Léo Taxil et de lutter contre l’« occultisme fin de siècle ».

L’objectif de ses animateurs, et en particulier celui d’Ernest Jouin, tous catholiques intransigeants, contre-révolutionnaires – ils étaient influencés par le prêtre contre-révolutionnaire et antimaçon Augustin de Barruel – ou d’extrême droite, était de mettre au grand jour la supposée action néfaste de la franc-maçonnerie et des sociétés secrètes. Cette action fut relevée par les papes Benoit XV en 1918 et Pie XI en 1923, qui élevèrent le curé Ernest Jouin au rang de prélat puis de protonotaire apostolique.

En effet, Monseigneur Jouin soutenait ainsi l’idée, particulièrement complotiste, de l’action subversive de la franc-maçonnerie, elle-même « manipulée par les Juifs », dans plusieurs grands évènements du début du XXe siècle, et de leur volonté de détruire les fondements nationalistes et chrétiens des nations :

« Nous avons vu pendant la guerre des explosions d’espionite, cette peur contagieuse, cette phobie de l'espion qu’on finit par voir partout, sauf là où il est. L’histoire du siège de Paris en 1870-71 en est remplie. Quelque chose d’analogue se produisait à propos du Juif.

Il était responsable de la paix boiteuse de Versailles, de ...

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