Écho de presse

Isabelle Eberhardt, la vie hors-norme d'une aventurière en terre d'Islam

le par

L'aventurière et écrivaine Isabelle Eberhardt, vers 1900 - source : WikiCommons

Née à Genève, Isabelle Eberhardt part en Algérie à vingt ans et se convertit à l'islam. Là, elle partage la vie des Bédouins et écrit abondamment sur sa terre d'adoption, avant de disparaître tragiquement à 27 ans. La presse fera d'elle un Rimbaud au féminin.

 

Morte à seulement 27 ans, Isabelle Eberhardt aura défié toutes les conventions de son temps, s'inventant un destin à mille lieues de ce qui était requis d'une jeune Européenne au tournant du XXesiècle.

Née de père inconnu à Genève en 1877, elle est issue de la noblesse russe par sa mère. Son éducation anticonformiste et polyglotte lui permet d'apprendre le russe, l'italien, le français, l'allemand, l'arabe et le turc. À l'âge de vingt ans, elle s'installe avec sa mère en Algérie française, à Annaba. Là, elle décide de se convertir à l'islam, embrassant le soufisme, sa branche mystique, et prend le nom masculin de Mahmoud Saadi.

Après le décès de sa mère, déguisée en homme algérien, elle commence à vivre en nomade et parcourt à cheval le Sud du pays, partageant la vie des bédouins et s'intéressant au sort des défavorisés. Elle écrit beaucoup, nouvelles, récits, impressions de voyage, et rencontre l'amour de sa vie : Slimane Ehnni, soldat musulman de nationalité française. Leur liaison, sitôt connue, scandalisera les colons – d'autant qu'Isabelle, à rebours de toutes les convenances, boit et fume le kif.

Le journaux de la métropole commencent à s'intéresser à l'aventurière lorsqu'une tentative d'attentat d'assassinat est perpétrée contre elle, le 29 janvier 1901 – tentative orchestrée à Béhina par une confrérie soufie opposée à la sienne. Le procès se tient en juin et Le Petit Marseillais raconte :

« Le procès dont je vous avais parlé, au sujet d’une tentative de meurtre dont avait été victime dans le Sud une jeune Russe, devenue musulmane, habillée en indigène et affiliée à la secte religieuse des Kadrya, a eu lieu devant le conseil de guerre de Constantine […].

La victime, Mlle Isabelle Eberhardt, s’est présentée vêtue en femme indigène, mais elle a reconnu qu’elle s’habillait fréquemment en homme, ce qui, aux yeux des musulmans, de son aveu même, était tout au moins une inconvenance. Un jeune maréchal des logis du 3e spahis, musulman naturalisé français, à qui elle est, dit-on, fiancée, l’accompagnait.

L’accusé a déclaré qu’il avait tenté de l’assassiner à cause du trouble et du scandale qu’elle jetait dans la religion musulmane. Il s'est dit poussé par un ange qui, dans l’intérêt de la religion, lui avait donné l’ordre de tuer Mlle Eberhardt. Il a été condamné aux travaux forcés à perpétuité [...].

Quant à Mlle Eberhardt, aussitÃ...

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