Chronique

De la macumba à l’umbanda, les religions brésiliennes vues par la presse française

le par

« Costumes du Brésil », dessin de Jean-Baptiste Debret, 1820 - source : Gallica-BnF

Tandis que via les danses la culture brésilienne se diffuse en France dans l’entre-deux-guerres, un certain nombre de journaux s’intéressent aux croyances syncrétiques des Noirs et Métis brésiliens. La vision qu’ils en tirent s’avère souvent réductrice et moralisatrice.

Au mois d’août 1939, de retour d’une tournée de cinq mois en Amérique du sud,  la célèbre chanteuse et danseuse Joséphine Baker annonce rapporter des tas de choses :

« D’abord, deux danses nouvelles, prodigieuses, fantastiques ! la “macumba” et la “samba”.

Ce sont des danses frénétiques. La macumba surtout, qu’on n’exécute qu’une fois l’an et que les blancs ne sont pas admis à contempler. »

Mais quelle est donc cette intrigante macumba à la danse frénétique ? Écoutons le poète et critique d’art Léon Kochnitzky. Dans une de ses chroniques des Nouvelles littéraires (« Le strapontin volant », à lire sur Gallica), dont le principe consiste à se rendre en avion dans tous les lieux où l’appelle le spectacle de la vie, il évoque un séjour qui l’a conduit jusqu’à Rio de Janeiro en 1932 :

« La Macumba […] est une messe noire célébrée par des noirs…

En réalité il n’y a pas de messe noire, mais seulement les pratiques de sorcellerie accompagnées de chants et de musique, de danses rituelles, de cérémonies magiques et érotiques, où le culte des saints et la liturgie de l’Église se superposent à l’adoration du Vaudou. 

Prières, incantations, scènes de spiritisme rudimentaires, transes, extases, chutes lascives, phallophories. »

Bien plus que d’une danse, c’est donc d’une pratique cultuelle d’origine africaine qu’il s’agit. Un culte qui intrigue et fascine les observateurs, qu’ils soient anthropologues, journalistes, romanciers, poètes, qui y voient une « fête de magie nègre » (La République, 09/03/1933).

Ainsi en est-il du romancier franco-arménien Léon-Basile Guerdan (qui signe L.G. Guerdan) que Marianne envoie au Brésil percer les « mystères du vaudou » (24/02/1937) : 

« Les Macumbas – c’est ainsi qu’on nomme au Brésil, les mystères du Vaudou – sont clandestines. » 

S’il a pu y assister, c’est après trois semaines de démarches. Ce soir-là, c’est une jeune femme qui va bientôt se marier qui célèbrera « sa dernière macumba de vierge. Elle fera appel à quatre esprits, dont celui de Maria Congo, âgée de 368 ans, dont le langa...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.