Chronique

Les « Pilules Pink pour personnes pâles », spam de la Belle Époque

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« La santé aux malades, la force aux faibles », publicité en faveur des pilules Pink, Le Petit Provençal, 1896 – source : RetroNews-BnF

Sous la forme de publireportages mensongers, les miraculeuses Pilules Pink se sont affichées dans les plus grands titres du premier XXe siècle. Capables de soigner « érysipèles chroniques » comme « danses de Saint-Guy », ces cachets roses à tout faire ont rythmé les pages d’annonces de la presse à grand tirage.

En mars 1895, un flot d’articles inonde la presse française sur une kyrielle de guérisons miraculeuses au Canada.

Ainsi, les lecteurs d’un journal averti en matière de miracles, La Croix, découvrent en dernière page la reproduction d’un article paru précédemment au Québec au titre redondant : « Un miracle à Montréal. La femme et la fille d’un banquier miraculeusement guéries ». Car Mme Guimond et sa fille, issues de la meilleure société, souffraient « depuis plusieurs années déjà d’une maladie mal définie, anémie selon les cas, ébranlement du système nerveux selon les autres, mais qui, en somme, ne faisait qu’empirer malgré tous les soins dont elles étaient entourées ; on s’attendait de jour en jour à une issue fatale ».

Or M. Guimond eut l’idée de recourir au Dr Williams qui administra aux deux dames des pastilles de son invention. Le nom de cette panacée tient lieu de programme : les « Pilules Pink pour personnes pâles » ; elles vont inonder le siècle à venir.

Un lecteur plus attentif s’apercevrait aisément que nombre de ces articles parus en ce printemps 1895 abordaient la plupart du temps ces rémissions inattendues au détour d’un autre sujet. La Dépêche de Toulouse avertissait par exemple ses lecteurs que l’on avait de bonnes nouvelles en provenance du vapeur La Gascogne, « notre beau navire » que l’on croyait perdu au large de Terre-Neuve, avant de faire état des petites pilules canadiennes par une transition des plus subtiles :

« Les Canadiens sont fiers de leur pays et de leurs institutions, et, en Amérique, les Canadiens français surtout se sont fait une réputation d'intelligence et d'amour du progrès.

On y a abandonné la vieille routine et les sentiers battus, toute nouvelle découverte ayant une valeur propre et donnant des résultats effectifs y est spontanément adoptée.

Entre autres, on a vu, dans ces dernières années, la presse canadienne et le public prendre un intérêt tout spécial à la découverte du Dr Williams, l'un des ...

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