L'entreprise Nestlé est fondée en 1866 par un pharmacien suisse d'origine allemande, Henri Nestlé. Installé à Vevey à partir de 1843, celui-ci s'aménage une petite usine chimique et, après avoir tenté de fabriquer divers produits (vinaigre, huile, eau minérale...), il se met à produire du gaz combustible liquéfié, qu'il vend à la commune de Vevey.
Mais c'est en inventant la Farine lactée Henri Nestlé qu'il va faire fortune. Cet aliment pour nourrissons, conçu comme un complément au lait maternel, prouve rapidement son efficacité dans l'alimentation des nouveaux-nés. Il va obtenir un succès retentissant à une époque où la mortalité infantile est très élevée. Un article du Constitutionnel paru le 5 juillet 1868 explique en quoi consiste cette invention :
"Jusqu'ici, les mères incapables de nourrir leurs enfants elles-mêmes étaient forcées de les confier à des étrangères ; il en résultait une mortalité effrayante, constatée par une solennelle discussion à l'Académie des sciences. M. Nestlé a eu l'idée heureuse de concentrer, par un procédé nouveau et très intelligent, le lait de vache des Alpes, dont la supériorité est reconnue. Il suffit de donner à cette concentration la quantité d'eau évaporée pour reconstituer un lait aussi frais que si l'on venait de le traire. [...] Désormais, les mères pourront donc garder leurs enfants près d'elles, et le pharmacien le plus voisin fournira leur alimentation. Plus de nourrices, partant plus de mortalité disproportionnée."
Commercialisée en 1867, elle est récompensée en 1872 par une médaille d'or à l'Exposition universelle de Paris. Dès lors, elle va devenir célèbre, comme l'attestent les innombrables publicités dans les journaux de l'époque. Nestlé impose un logo qui deviendra iconique, celui d'un petit nid (Nest signifie nid en allemand).
Son lait en poudre va conquérir l'Europe et les États-Unis, mais Nestlé vend son entreprise en 1875 (il a déjà 61 ans). Il passera ses dernières années à Glion, un village au-dessus de Montreux, où il mourra en 1890, sans descendant.
Ecrit par
Pierre Ancery est journaliste. Il a signé des articles dans GQ, Slate, Neon, et écrit aujourd'hui pour Télérama et Je Bouquine.