Écho de presse

La syphilis, « danger social » et hantise de la Belle Époque

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Affiche de la Société française de prophylaxie sanitaire et morale, 1920 - source Gallica BnF

À la fin du XIXe siècle, une psychose autour de la maladie vénérienne la syphilis, accusée d'être un facteur de « dégénérescence de la race » et de contribuer à la « dépopulation », s'empare de la France.

Elle fut l'une des grandes angoisses françaises de la Belle Époque. La syphilis, appelée aussi familièrement « vérole » ou « grande vérole », est une infection sexuellement transmissible dont les symptômes, parfois très graves, peuvent aller jusqu'à la mort. On pense qu'elle est apparue en Europe au XVe siècle.

C'est toutefois à la fin du XIXe siècle qu'elle commence à apparaître comme un « fléau » social de grande ampleur, certains observateurs dramatisant son importance parmi la population et liant sa supposée progression au fantasme d'une « dégénérescence de la race » française.

Il est vrai que, si ces peurs sont le fruit d'exagérations, la syphilis pose alors un véritable problème de santé publique.

Les journaux font écho à cette hantise. Pour la presse des années 1880 et 1890, c'est bien souvent la prostitution qui est pointée du doigt comme « responsable ». Dans un édito paru dans Gil-Blas en 1881, l'écrivain Jean Richepin parle par exemple de « syphilis sociale » pour désigner la prostitution, assimilée dans tous les esprits aux maladies vénériennes.

Le 7 septembre 1886, le journal La France publie la tribune d'un médecin qui s'inquiète d'une progression de la maladie. Il incrimine les « brasseries de femmes », ces cafés où les prostituées viennent chercher leurs clients.

« À Paris, la syphilis fait des victimes de plus en plus nombreuses [...]. Cet envahissement progressif de notre population constitue un danger social contre lequel on ne saurait trop réagir [...].

 

Je veux parler des “brasseries de femmes” qui sont un des principaux foyers de contamination de la jeunesse, ainsi que j’ai pu m’en convaincre depuis longtemps. »

En cause surtout, pou...

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