Écho de presse

1905 : Upton Sinclair dénonce les pratiques de l'industrie de la viande

le par

Travailleurs dans un abattoir de Chicago, avant 1923 - source : WikiCommons

Paru en 1905, le roman La Jungle du socialiste américain Upton Sinclair décrit l'exploitation des immigrés dans les abattoirs de Chicago. Viande avariée, injections chimiques : les conditions de production décrites dans le livre provoquent un immense scandale.

Le journal socialiste américain Appeal to Reason savait-il que ce feuilleton provoquerait une onde de choc internationale ? La Jungle, roman du journaliste et écrivain Upton Sinclair (1878-1968), paraît dans ses colonnes entre février et novembre 1905. Publié en volume en 1906, le livre se vendra à des millions d'exemplaires et sera traduit en 33 langues.

 

Le roman raconte l'histoire d'une famille d'immigrés lithuaniens qui s'installe à Chicago au tout début du XXe siècle. Le héros, Jurgis Rudkus, se met à travailler dans les abattoirs de la ville, dans des conditions abominables, et connaîtra le désespoir avant d'embrasser la cause socialiste.

Upton Sinclair dénonce à travers son récit la misère de la classe ouvrière immigrée et le cynisme des industriels qui les exploitent, mais aussi la corruption des autorités qui ferment les yeux sur cet état de fait.

 

Mais si la dimension sociale du roman frappe l'esprit du public, ce sont surtout ses descriptions de l'abattage des bêtes et du conditionnement de la viande qui vont faire sensation au-delà des frontières américaines. Dans la presse française, le livre suscite en 1906 d'innombrables commentaires indignés sur ce thème.

 

Le journal catholique La Croix écrit par exemple en juin 1906 :

« C’est par son côté social et humain que ce livre a réussi : il constitue un réquisitoire véhément, serré et documenté contre les millionnaires de Chicago qui se sont enrichis par la vente de viandes de conserve avariées. Des animaux crevés, des bêtes atteintes de tuberculose, des carcasses gangrenées ont été utilisés par les “packers” pour faire de la saucisse et de la graisse.

 

Les jambons avariés sont “guéris” par l’acide borique et l'acide salicylique, puis livrés sur le marché comme “produits de premier ch...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.