Écho de presse

Petite histoire de « l'art dentaire », de l'arracheur de dents au chirurgien-dentiste

le par

« L'arracheuse de dents », estampe de Jean Veber, 1904 - source : Gallica-BnF

Jadis assimilé à la profession itinérante d' « arracheur de dents », le métier de dentiste s'est professionnalisé à partir du XVIIIe et surtout du XIXe siècle – au grand soulagement des patients.

Le 6 novembre 1896, Le Figaro publie un article intitulé « Chez les dentistes ». En cette fin de XIXe siècle, le quotidien dresse une sorte de bilan des progrès réalisés depuis l'époque des « arracheurs de dents », si redoutés des porteurs de caries.

« Vous rappelez-vous le charlatan de jadis ? L'estampe et les images d'Épinal en conserveront le souvenir. L'homme botté, casqué, portant simarre ou tunique dorées, sur une voiture monumentale, à grand orchestre, arrachait sans douleur.

Tous les instruments lui étaient également précieux. Il savait indifféremment faire sauter canines et molaires avec pinces, poinçons, lames de poignard, de sabre ou même tuyaux de pipe ! Ou bien, il avait mirifiques élixirs, onguents suaves qui remplaçaient avantageusement le baume d'acier. Il les débitait en s'écriant : “N'arrachons plus, guérissons !”

Au demeurant, c'était un gai compagnon. S'il arrachait mal et guérissait peu, si les clients hurlaient quand leur mauvaise étoile voulait qu'une partie de la mâchoire vînt avec la dent, les badauds prisaient fort cet opérateur de plein air. Après son départ ils souhaitaient son retour, qui jetterait un peu d'animation sur la place de la petite ville. »

Le portrait est proche de la réalité historique. Si l'on retrouve des traces de chirurgie dentaire très loin dans le passé, jusque dans le néolithique, et si Grecs, Égyptiens ou Indiens ont très tôt mis au point des techniques de soin élaborées, pendant des siècles la condition de dentiste a peiné à se distinguer de celle des fameux « arracheurs de dents ».

Ambulants, on rencontrait ces derniers sur les foires et les marchés locaux. Ils n'étaient pas médecins : il s'agissait le plus souvent de barbiers qui exerçaient ce métier en sus de leur principale activité. Il arrivait que l'arracheur fût accompagné de musiciens dont la fonction était de jouer le plus fort possible afin de couvrir les hurlements de douleur du patient. Lequel se f...

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