Écho de presse

Les exploits du sulfureux Richard Burton

le 04/06/2018 par Pierre Ancery
le 25/11/2016 par Pierre Ancery - modifié le 04/06/2018
Richard Francis Burton ; 1882 - Source Gallica BnF

Cet explorateur anglais à la vie hautement romanesque fut l'un des tout premiers Occidentaux à entrer dans La Mecque.

Officier militaire aux colonies, écrivain, poète, traducteur, anthropologue, linguiste, diplomate, orientaliste, théoricien de l'escrime et maître soufi : l'explorateur anglais Richard Francis Burton (1821-1890) eut mille vies.

 

Ce voyageur inlassable, qui parlait 29 langues et 11 dialectes, fut le premier à traduire le Kâmasûtra et Les Mille et Une Nuits dans leur version non expurgée ; il traînait en outre une réputation sulfureuse qu'il devait à son intérêt ethnographique pour les pratiques sexuelles les plus exotiques. En Inde, il participa à une enquête secrète dans un lupanar, ce qui lui valut longtemps d'être soupçonné d'homosexualité (celle-ci était considérée comme un crime particulièrement grave dans l'Angleterre victorienne). Toute sa vie, Burton se plut à entretenir cette réputation scandaleuse, se vantant d'avoir "commis tous les péchés du Décalogue"...

 

Burton fut l'un des tout premiers Occidentaux à pénétrer dans La Mecque, en 1853. Ayant obtenu le soutien de la Royal Geographical Society de Londres, il parvint à y entrer déguisé en pèlerin. Sa connaissance approfondie de l'arabe et des rites musulmans favorisa sa réussite. L'Intransigeant du 25 octobre 1933 raconte toutefois comment il faillit être démasqué :

 

"Il semblait à l’abri de tout réflexe occidental pouvant le trahir, mais un jour, pressé par la nature, il fit devant un mur ce que fit Gulliver pour éteindre un incendie. Hélas ! des passants s’attroupèrent. Quel était donc ce fils d’Allah qui se permettait un tel comportement ? Burton, encerclé par la foule des pèlerins, faillit être écharpé. Le sacrilège venait d’être découvert." 

 

Cet exploit lui valut la célébrité. Parmi ses faits d'armes, il faut aussi retenir la découverte du lac Tanganyika en 1858, avec l'officier John Speke, au terme d'une expédition épique qui avait pour but de trouver la source du Nil. Le Temps du 24 mai 1862, qui relate le voyage, fait ce portrait de Burton :

 

"Nul mieux que M. Richard Burton ne pouvait convenir à la mémorable expédition de 1858. En lui se trouvaient réunies à un haut degré les conditions exigées par une pareille entreprise : l'intrépidité, l'initiative, la prudence qui prévoit les obstacles, la ruse et le sang-froid qui les détourne ou les domine, le mépris des fatigues, l'insouciance du péril et des privations, les rudes vertus du pionnier jointes aux qualités éminentes de l'observateur scientifique. Jeune encore et déjà célèbre, sa vie n'est qu'une longue odyssée."

 

L'expédition pourtant se passa atrocement mal, Burton la terminant quasi-paralysé et Speke momentanément aveugle. Un conflit éclatera entre les deux hommes à leur retour. Burton sera ensuite consul au Brésil, en Syrie et en Italie, où il mourra en 1890.