Écho de presse

La physiognomonie, la « science » qui « lisait » le visage des hommes

le par

Planche tirée du « Livre de portraiture pour ceux qui commencent à dessiner », dessin de Charles Le Brun, 1705 - source : Gallica-BnF

Tirant sa source dans des croyances présentes depuis l'Antiquité, la physiognomonie voulait voir un lien entre l'apparence physique d'une personne et son caractère. Très en vogue au XIXe siècle, cette pseudo-science survécut jusqu'au XXe.

Vous avez le front fuyant ? Vous êtes probablement lâche ou stupide. Les mâchoires carrées ? Veillez à dominer votre agressivité naturelle. Les yeux légèrement exorbités ? C'est que vous êtes un menteur doublé d'un paresseux.

 

Ces conclusions paraissent aujourd'hui totalement fantaisistes : pourtant, pendant des siècles, la croyance populaire en une correspondance entre les traits du visage et ceux du caractère fut très répandue. Aristote l'évoquait déjà au IVe siècle avant J-C. Et la physiognomonie, soit l'étude « objective » de ces rapports supposés, occupa les esprits de bien des savants à partir du moment où celle-ci prétendit se constituer en science.

 

En 1893, La Lanterne citait des extraits d'un livre de physiognomonie datant de 1643, Le Pronostic perpétuel tant des choses célestes qu'humaines, signé d'un certain sire de Beau Soleil :

« Les yeux clairs et humides signifient un bon naturel et honneste homme.

 

Les yeux sortant de teste signifient un menteur, un resveur et paresseux.

 

Les petits yeux et enfoncez dans la teste desnottent un envieux et meschant, se courroussaut légèrement.

 

Les yeux remuant souvent sont des infidelles [...].

 

Les yeux de diverses couleurs et petis sont des rusez et flatteurs et esclaves du gain.

 

Les yeux également proportionnez en toute chose et bien fendus sont d'un honneste homme.

 

Les yeux tournez en haut sont d'yvrongnes et gourmands.

 

Les yeux plus rouges que bleus sont des jureurs et rechercheurs de femmes d'autruy et sujets à leurs bouches. »

Le physiognomoniste le plus célèbre de l'Histoire fut probablement l'Allemand Johann Kaspar Lavater, qui écrivit à la fin du XVIIIe siècle les Physiognomische Fragmente (1775-1778), en quatre volumes, lesquels remportèrent un vaste succès et déclenchèrent bien des vocations.

 

Au XIXe siècle, la physiognomonie ...

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