Écho de presse

Quand le docteur Baraduc voulait mesurer l’âme humaine

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Le scientifique Hippolyte Baraduc et sa machine à isoler l'âme, photo publiée dans la version anglaise de La Force vitale, 1913 - source : Archive.org

A la fin d’un XIXe siècle mordu de sciences occultes, « le Paracelse parisien » cherche à démontrer l’existence d’un fluide vital à l’intérieur du corps humain. Comprendre : démontrer l’existence physique de l’âme.

Est-il possible de quantifier l’âme humaine ? En Égypte ancienne, en pensait que le cœur d’un individu était pesé après sa mort. Si son poids n’excédait pas celui d’une plume, le défunt était conduit au royaume des morts. Dans le cas contraire… il était dévoré par Âmmout, un hybride monstrueux à mi-chemin entre le crocodile, le lion et l’hippopotame.

Au cours des siècles suivants, l’âme humaine n’intéressa guère le monde scientifique. La salvation de l’âme était la prérogative du clergé : à tâtons, savants et érudits se contentèrent d’améliorer le reste.

La donne change brusquement au XIXe siècle, période charnière électrisée par des expériences scientifiques frôlant le surnaturel. C’est l’époque à laquelle les anatomistes anglais tentent de redonner vie aux cadavres à l’aide de courants électriques ; celle des tables tournantes où, dans les salons mondains, on s’obstine à communiquer avec l’au-delà ; celle où Camille Flammarion, le nez dans les étoiles, devine les contours de mondes extra-terrestres tandis que Thomas Edison bricole un téléphone afin de communiquer avec les morts.

Bref, entre les sciences dures et l’occulte, la frontière est poreuse, et les scientifiques du temps n’hésitent plus à partager leur temps entre les deux disciplines. C’est le cas du médecin français Ferdinand Hippolyte Baraduc, Auvergnat de souche, dont le nom pointe dans les revues scientifiques à partir des années 1880. Ses travaux se heurtent d’abord à des cas concrets du domaine médical : l’hémorragie cérébrale en 1877, le prolapsus ovarien en 1882, les congestions de la moelle en 1887. Mais alors que la plupart de ses confrères s’intéressent aux germes, à l’anesthésie, à l’imagerie médicale et aux premières prothèses, le savant docteur Baraduc s’abîme peu à peu dans l’occulte.

C’est, semble-t-il, au tournant des années 1880 qu’il se consacre à l’étude des « vibrations » qui émaneraient du corps humain et cherche à en saisir les subtiles manifestations. Il publie La Force vitale. Notre corps vital fluidique, sa force biométrique à Paris en 1893,...

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