Chronique

Une histoire du droit de vote des femmes en Europe

le par

Suffragettes hollandaises élues dans la presse des Pays-Bas, circa 1920 - source : WikiCommons

Des décennies de luttes et de lobbying ont été nécessaires, au cours du XXe siècle, à l’obtention du droit de vote par les femmes dans les différents États européens. Toutefois, ce droit fut accordé à des rythmes variables selon le contexte politique national.

Cet article est paru initialement sur le site de notre partenaire, le laboratoire d’excellence EHNE (Encyclopédie pour une Histoire nouvelle de l’Europe).

Le concept de citoyenneté repose sur les notions de liberté individuelle et d’égalité développées au XVIIIe siècle, qui marquent une rupture avec la représentation des sociétés fondées sur des inégalités dites naturelles. Aussi bien les conceptions républicaines que libérales de la citoyenneté reposent sur la fiction de l’indépendance (économique, personnelle) et de l’autonomie (intellectuelle) du sujet politique.

Or, les théoriciens des sociétés civiles comme Jean-Jacques Rousseau (1712-1778) et Emmanuel Kant (1724-1804), qui apportent un socle théorique à la représentation des sphères masculine et féminine, attribuent ces qualités aux hommes, tandis que les femmes sont cantonnées à la sphère de la domesticité, pensée à la fois comme opposée et subordonnée à la sphère publique. Cette répartition sexuée au fondement des démocraties modernes tient lieu pendant longtemps de justification de l’exclusion des femmes de la citoyenneté.

Ainsi, après la Révolution française qui accorde aux femmes l’égalité civile mais leur refuse les droits politiques, la plupart des maîtres à penser en Europe continuent de leur dénier le droit et l’aptitude au vote. Pour les théoriciens du libéralisme primitif, comme le réformateur écossais James Mill (1773-1836), les femmes sont représentées par les hommes de leur famille, pères, frères ou maris, ce que traduit le suffrage censitaire de la Restauration et de la monarchie de Juillet en prenant en compte la fortune qu’elles apportent. 

Mais pour les défenseurs du droit de vote féminin, parmi lesquels John Stuart Mill (1806-1873), fils de James, il est impossible...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.