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Écho de presse

C'était à la Une ! Jules Vallès sur les tombes des morts de misère

La lecture du jour présente un article de Jules Vallès qui annonce sa visite au cimetière, pour rendre visite aux anonymes de l'histoire.
Jules Vallèsmisèrepodcastfêtefête des morts

Ecrit par

RetroNews

Publié le

3 novembre 2017

et modifié le 24 février 2025

La lecture du jour présente un article de Jules Vallès qui annonce sa visite au cimetière, pour rendre visite aux anonymes de l'histoire.

En partenariat avec  "La Fabrique de l'Histoire" sur  France Culture

Cette semaine : Les Morts, par Jules Vallès. Le Figaro, 3 novembre 1861.

Texte lu par Daniel Kenigsberg

Réalisation : Séverine Cassar

 

« LES MORTS

C'est aujourd'hui que les trépassés donnent audience aux vivants ; aujourd'hui qu'on va leur porter des fleurs et les saluer au cimetière. Moi, j'irai visiter les tombes sur lesquelles personne ne viendra pleurer ; j'irai dire un dernier adieu à ces inconnus enterrés pêle-mêle dans la fosse commune, que n'a point, à vrai dire, enlevés la mort, mais qu'a tués la vie.  [...] Les morts dont je parle n'ont point été assassinés, mais brisés, écrasés par la fatalité. [...] 

Le monde n'a jamais vu dans les malheureux que des révoltés. La misère ne lui apparaît qu'à travers le brouillard pâle des philantropies et la fumée rouge des révolutions, l'écume aux lèvres, la poudre aux mains. A côté de cette misère classique qui a une histoire, il y en a une autre, — la vraie, l'affreuse, l'horrible,— je veux parler de celle qui n'a point de drapeau, ne jette point de cris ni d'éclairs, de celle qui tue ses victimes à petit feu, de celle qui tous les ans couche dans la poussière et dans la boue un bataillon d'hommes qui, après avoir éteint la flamme dans le cerveau, brisé le cœur dans la poitrine, dévore les poumons, boit le sang. Oui, il y a, dans ces cimetières, des cadavres de gens qui ne sont point morts pour avoir abusé de la vie, par le caprice d'un fléau, le feu, le choléra, la guerre ; point morts de maladie ou de vieillesse, de douleur ou d'amour, mais morts de froid, morts de faim. [...]

A peine on en compte un cependant qui, dans cette vie de privations et de souffrances, se soit écarté du devoir, ait violé la loi ! Ils ont laissé par les chemins des lambeaux de leur fierté, mais ils ont encore le droit de porter le front haut : l'honneur ne s'est point échappé par le trou des blessures. Et c'est ainsi qu'elles s'écoulent, les vertes années, dans le doute, l'amertume et le désespoir ! Ainsi se passe la jeunesse, et l'on a déjà les cheveux gris, l'estomac ruiné, le cœur fané, qu'à peine on a trente ans ! Elle vient tout tuer, cette misère, l'amour comme l'ambition. Ni fleurs, ni parfums, ni maîtresse ! On n'ose laisser retomber sur leurs frêles épaules la croix lourde de ses souffrances ! Pas un sourire, une parole tendre, un serrement de main, une larme, un baiser. Ah ! plaignons-les, ces jeunes hommes étendus là, dans le cimetière, qu'une femme n'a jamais consolés avec sa grâce, aimés avec son cœur, qui au matin d'un duel, au bout d'un jour sans pain, n'ont point senti dans leur main fiévreuse tomber la main émue d'une maîtresse, qui, à leur lit de mort, au moment de sombrer, quand ils ont senti qu'ils en avaient fini avec la vie, n'ont eu personne a leur côté pour apaiser leur regret aux portes de l'éternité. [...]

Le monde croit peu à ces existences lamentables, à ces fins sinistres ! [...]  « C'est leur faute ! » crie notre égoïsme gêné par ce spectacle et ces images ! Qui nous l'a dit ? Savons-nous ce que fut leur enfance, comment s'est passée leur jeunesse, à quelle heure ils firent naufrage, comment ils se sont perdus corps et âme dans cette tempête sans éclairs ! Et pour cela faut-il qu'ils meurent ? Nous n'affamons pas les prisonniers, nous ne tuons pas les fous ! Seuls, ces pauvres diables arrêtés en route faute de deux cents francs pour payer leur thèse, périront à la peine. Qu'il perde la tête ou qu'il tue, il aura un lit et du pain. D'ici là, il se traînera malade, enlaidi, épuisé, haletant ! Mettez un homme dans la rue, avec un habit trop large sur le dos, un pantalon trop court, sans faux col, sans bas, sans un sou, eût-il le génie de Machiavel, de Talleyrand, il sombrera dans le ruisseau. [...]

Jules Vallès »

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