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Écho de presse

Accidents en série : la chasse, dangereuse passion française

Malgré la mise en place d'un permis de chasse en 1844, l'encadrement de cette pratique très prisée des Français est longtemps restée largement insuffisante. Au début du XXe siècle, la presse n'a de cesse de déplorer de nombreux et dramatiques accidents.

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Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Publié le

31 août 2018

et modifié le 24 février 2025

Image de couverture

Quatrième de couverture du supplément du dimanche du Petit Journal illustrant un accident de chasse, 23 septembre 1900 - source : RetroNews-BnF

Malgré la mise en place d'un permis de chasse en 1844, l'encadrement de cette pratique très prisée des Français est longtemps restée largement insuffisante. Au début du XXe siècle, la presse n'a de cesse de déplorer de nombreux et dramatiques accidents.

Avec l’abolition des privilèges dans la célèbre nuit du 4 août 1789, la chasse devient ouverte à tous les citoyens français. Et cette pratique ne tarde pas à s'imposer comme une véritable passion française. 

Pourtant, aucune réglementation ne l’encadre jusqu’en 1844, date à laquelle la loi sur la police de la chasse met notamment en place l’obligation d’obtenir un permis :
 

« Art. 1er. Nul ne pourra chasser, sauf les exceptions ci-après, si la chasse n’est pas ouverte, et s'il ne lui a pas été délivré un permis de chasse par l’autorité compétente. [...]

Art. 5. Les permis de chasse seront délivrés, sur l'avis du maire et du sous-préfet, par le préfet du département dans lequel celui qui en fera la demande aura sa résidence ou son domicile. »  

Dans les faits cependant, le permis de chasse s'obtient sans examen à partir de 16 ans, avec pour seule obligation l'adhésion à une fédération départementale de chasseurs. Une simple formalité, donc. 

La presse de la seconde moitié du XIXe siècle et du début du XXe  regorge de récits d’accidents de chasse, parfois mortels. 

En 1900, un  terrible accident fait ainsi la quatrième de couverture du très populaire Petit Journal illustré :

 « Tous les ans à pareille époque, les chasseurs inexpérimentés ou trop ardents, ceux qui ont, comme on dit, le “fusil chaud”, font quelque malheur, mais il en est peu d'aussi tristes que celui qui vient de se produire près d'Arras.

Un distillateur, M. Depreux, qui battait la plaine en compagnie de deux amis vit se lever une caille, comme elle avait fait un crochet, préoccupé seulement de l'oiseau, il tira et toute la charge se logea dans la jambe d'un enfant de dix ans, Auguste Bar, qui regardait de loin ; un deuxième coup atteignit en pleine poitrine le petit Jules Laforêt, âgé de onze ans et demi, chargé du carnier de M. Depreux et qui revenait avec des cartouches qu'on l'avait envoyé chercher.

Le pauvre petit tomba pour ne plus se relever. Quelques instants après, il était mort. On juge du désespoir de son père, un excellent ouvrier mécanicien, quand on lui rapporta le cadavre de son enfant.

Son camarade, le jeune Bar, ne mourra pas, ses blessures n'étant pas très graves ; mais il souffre beaucoup et ne se remettra pas de sitôt. » 

Six ans plus tard, un nouvel « effroyable accident » s'affiche en couverture du Petit Journal :

« Un chasseur, d'un village du Nord était allé, ces jours derniers, avec un ami, à la chasse au canard. Ses deux filles, âgées de vingt et de quinze ans, qui savaient où se trouvait la hutte dans laquelle leur père s'était installé pour la journée, avaient projeté d'aller le surprendre et s'étaient mises en route, emportant quelques friandises qui devaient venir s'ajouter au menu du repas improvisé par les chasseurs. [...]

Un fusil était resté là, le canon engagé dans le créneau. Par plaisanterie, l'aînée dit à la sœur cadette : Regarde, je vais faire comme papa. Et, mettant la crosse à l'épaule, elle fit mine de tirer sur les canards en bois disposés au centre de la mare, devant la hutte. Attends, lui dit sa sœur, je vais aller dehors voir si tu vises bien.

La jeune fille se penchait au bord de la mare pour regarder si le fusil était bien dirigé vers les canards, lorsqu'un coup partit. La malheureuse enfant tomba raide morte. Les plombs lui étaient entrés dans l'œil et l'avaient foudroyée.

La sœur aînée, qui ne savait pas l'arme chargée, avait machinalement pressé sur la détente. Elle s'évanouit quand elle vit l'affreux malheur causé par son imprudence. Depuis lors, son désespoir est effrayant. On est obligé de la surveiller pour l'empêcher d'attenter à sa vie. »

S'il n'existe alors pas de données fiables sur l'évolution du nombre d'accidents de chasse, il ne fait aucun doute que ceux-ci sont très loin d'être exceptionnels, comme le déplore régulièrement la presse. 

« On n'en est plus à compter le nombre des chasseurs qui en furent victimes ; et chaque année, l'ouverture amène le retour de douloureux accidents et rouvre le nécrologe de la chasse », s'émeut ainsi en 1904 Le Petit Journal :

« Ici c'est l'imprudent qui saute un fossé en s'appuyant sur son arme qu'il tient par l'extrémité du canon.

Une brindille accroche la gâchette, le coup part, et la charge faisant balle tue net le chasseur.

Là c'est le chasseur nerveux, impatient, qui tire au hasard et tue l'un de ses compagnons.

Presque tous les accidents de chasse rentrent dans ces deux catégories ; c'est l'imprudence ou le manque de sang-froid qui les causent, bien plus souvent que la fatalité. »

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De plus en plus de voix s'élèveront au XXe siècle pour dénoncer la chasse comme une pratique aussi dangereuse que cruelle, à l'image d'Anatole France qui prend la plume en 1921 dans Les Annales politiques et littéraires pour exprimer sa circonspection face à ces « plaisirs barbares ». Et l'écrivain de commenter avec ironie la fréquence des accidents causés par « la plus grande passion de la majorité des Français » : 

« Tous les jours, nous entendons déplorer des accidents de chasse. Chacun a le sien à conter. [...]

C'est ainsi que l'on sait qu'en France, pays de moins en moins giboyeux, malgré de coûteux repeuplements, le nombre des chasseurs tués à la chasse n'est pas aussi loin qu'on pourrait le croire du nombre des lapins ; comme dit le couplet célèbre qui excita le peuple à la révolution de 1830 :

C'est par les lapins qu'on commence, 
C'est par les chasseurs qu'on finit. »

Il faudra attendre la fin du siècle et 1976 pour que le permis de chasse inclue une épreuve théorique obligatoire, laquelle sera complétée en 2003 par des épreuves pratiques.

Mots-clés

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Marina Bellot

Ecrit par

Marina Bellot

Marina Bellot est journaliste indépendante, diplômée de l'Ecole de journalisme de Sciences Po. Elle a co-fondé en 2009 Megalopolis, un magazine d'enquêtes et de reportages sur la métropole parisienne, qu'elle a dirigé pendant trois ans. Elle est l'auteure de plusieurs ouvrages pédagogiques à destination des adolescents et a co-écrit une biographie de Jean-François Bizot, L'Inclassable, parue chez Fayard en 2017.

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