Écho de presse

Quand la presse créait la figure du clochard, sans-abri pauvre et sympathique

le par

Sans-abri vivant sur les berges de la Seine, Agence Meurisse, 1926 - source : Gallica-BnF

Au début du XXe siècle, les mendiants et nécessiteux qui peuplent les rues des villes vont se transformer, sous la plume de certains journalistes, en « clochards », représentants presque acceptables de la pauvreté extrême.

Au début des années 1930, on compte environ 5 000 sans-abri à Paris. Solitaires ou réunis en petits groupes, les clochards survivent dans les rues de la capitale, souvent dans le plus parfait dénuement.

Désociabilisés, méprisés par la grande majorité des Français, n'ayant pas de travail ni de famille, ils subsistent en faisant la manche ou en cherchant leur nourriture dans les poubelles. La grande majorité d'entre eux dort à même le sol, été comme hiver, directement sur le pavé ou en se réfugiant sous les ponts pour échapper aux intempéries. Les plus chanceux naviguent alors entre asiles de nuit et hôpitaux afin de trouver le réconfort d'un lit.

Dans son édition du 22 mai 1938, le journal catholique La Croix évoque cette caste de « gueux », « le nez au vent » avec une condescendance d’inspiration poétique :

« Un clochard c'est un champignon poussant le plus souvent sous les arches des ponts. C'est un resquilleur de courants d'air, un glaneur de bouts de mégots, un nomade de grandes villes, un mangeur de misère.

Un clochard, c'est un indépendant ne supportant aucun des jougs de la civilisation. C'est un affranchi, un primitif dont l'idéal est dans l'espace.

Il est le membre d'une tribu de gueux, de sans-taudis, d'explorateurs de poubelles, dont le siège se trouve sur les berges de la Seine.

Un clochard est un homme heureux quand il peut marcher, le nez au vent, au hasard de ses caprices obscurs, en serrant p...

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