Écho de presse

L'étrange prolifération des « clubs du suicide » aux XIXe et XXe siècles

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« Le Suicidé », tableau d'Edouard Manet, entre 1877 et 1881 - source : WikiCommons

Légende urbaine ou fait divers romancé, les lugubres « clubs de suicidés » étaient censés fournir à leurs membres la possibilité de mettre fin à leurs jours. La presse en a recensé en Allemagne, aux États-Unis ou encore au Japon.

Qu'est-ce qu'un « club du suicide » ? L'expression, née au XIXe siècle, désigne la réunion formelle et souvent secrète de plusieurs personnes partageant le même désir : celui de mettre fin à leurs jours. Chaque membre, sous le contrôle des autres, est ainsi censé se donner la mort, collectivement ou chacun son tour (dans un ordre parfois tiré au sort), jusqu'à ce qu'il ne reste aucun survivant.

 

Ces clubs ont-ils réellement existé ? Probable. Même si la presse, pour faire frissonner le public, en a sans doute largement amplifié l'importance et romancé le fonctionnement. Entre légende urbaine et fait divers, le motif du club du suicide (ou « club des suicides », voire « club des suicidés ») va en effet hanter les colonnes des journaux jusqu'au milieu du XXe siècle.

Dès 1831, un rédacteur du Figaro évoque un de ses amis qui serait devenu membre d'un tel club en Prusse, et qui lui annonce par lettre qu'il va se brûler la cervelle le 28 mars de la même année :

« Il était du club des suicides. Qu'est-ce que ce club ? […]

 

Au bout de six mois d'admission, on était prié par le président de se brûler la cervelle, sur le vu de sa circulaire. Mais le président était obligé à son tour de subir le règlement. »

En 1860, Le Journal amusant reprendra l'anecdote, situant là encore le fameux « club » en Allemagne, mais sans donner aucune source :

« Werther le prouverait au besoin, le suicide est bien plus allemand que français ou anglais. En 1831, il existait encore un singulier club en Prusse : c'était le Club des suicides, dont chaque membre faisait serment de terminer sa vie après un nombre d'années déterminé.

 

Ils étaient douze ; et quoiqu'un de leurs statuts leur enjoignît de faire des prosélytes pour remplacer ceux dont le tour était venu de partir pour l'autre monde, le club a perdu son dernier membre, qui s'est brûlé la cervelle au mois de septembre 1831. »

À cause du célèbre roman Les Souffrances du jeune Werther de Goethe, dans lequel le protagoniste met fin à ses jours ...

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