Écho de presse

Après-guerre, les « pin-up » provoquent la répulsion des journaux progressistes

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L'actrice, danseuse, et « pin-up » Rita Hayworth dans L'Intransigeant, 1935 - source : RetroNews-BnF

À la fin des années 1940 les « pin-up » débarquent en France, où elles reçoivent un accueil glacial : entre dénonciation de la corruption des mœurs et critique du modèle capitaliste, les journaux de gauche récusent cette démonstration d’« arrogance américaine ». 

Un corps aux mensurations parfaites, des jambes interminables, une crinière soigneusement domptée et un regard de velours : voici le cliché fantasmé qu’incarne la « pin-up », une représentation idéalisée de la femme qui voit le jour aux États-Unis dans la première moitié du XXe siècle.

Quelques décennies plus tôt, à la fin du XIXe siècle, les premiers magazines érotiques avaient fait leur apparition dans la presse américaine, ainsi qu’en Europe. L’invention de nouvelles techniques d’impression et la photo-mécanisation des images avaient alors permis la diffusion massive de photographies suggestives pour le plus grand plaisir de la gent masculine.

À l’issue de la Première Guerre mondiale, les soldats américains rapportèrent outre-Atlantique le souvenir ému des joyeuses french girls rencontrées près du front – c’est notamment ainsi que les jolies Parisiennes et les danseuses effrontées des quartiers de plaisir de la Ville Lumière servirent d’inspiration aux premiers photographes et dessinateurs de « pin-up » américains tel le célèbre Alberto Vargas. Ces artistes cherchent alors à immortaliser la femme  dite idéale sous la forme de reines du glamour, à la fois femmes libérées et coquettes. Elles sont ainsi représentées dans des tenues légères (souvent en maillot de bain), prenant des poses lascives ou au moins aguicheuses qui semblent autoriser le spectateur masculin à laisser libre cours à ses fantasmes.

Mais c’est seulement en 1940 qu’apparaît le mot « pin-up » – littéralement « fille qu’on épingle » –, pour qualifier les photographies et dessins sensuels qui se retrouvent épinglés aux murs des chambres d’adolescents américains et que leurs pères s’échangent sous le manteau.

Lorsque les États-Unis entrent en guerre en 1941, les boys emportent avec eux certaines de ces images réconfortantes. La célèbre « pin-up » Betty Grabble est même représentée ...

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