Écho de presse

Les workhouses anglaises, « maisons de travail » pour les pauvres

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Le réfectoire des femmes à la workhouse de St Pancras, à Londres, vers 1911 - source : WikiCommons

À la fois ateliers de travail et hospices, les workhouses sont lancées dès le XVIe siècle au Royaume-Uni. Modèle à reproduire ou institutions lugubres ? Au XIXe, la presse française observe ces « maisons de travail » avec un regard curieux – et critique.

1597 en Angleterre. La « loi pour soulager les pauvres » (Act for the relief of the poor), est promulguée par la reine Elisabeth. Voleurs, vagabonds, mendiants ou indigents en capacité de travailler sont mis à contribution dans des maisons de travail tandis que les paroisses versent une aide, en argent ou en nature, aux plus démunis continuant d’occuper leur foyer.

Près de deux siècles plus tard, en 1815, la pauvreté explose au Royaume-Uni. En cause : un ralentissement de l'économie, les mauvaises récoltes liées à l’été désastreux de 1816 et la mécanisation de l’agriculture qui écarte les ouvriers agricoles du travail saisonnier. Ce sont ces mêmes causes qui sont à l’origine du célèbre soulèvement anglais de 1830, les Swing riots.

Dans la foulée, en 1834, la loi sur les pauvres est amendée : la bourgeoisie anglaise ne tolère pas de payer des impôts qui sont ensuite reversés à l’entretien des « fainéants ». La « nouvelle loi sur les indigents » (Poor Law Amendment Act) durcit notamment les critères de secours afin d’écarter de leur public des personnes qui ne seraient pas tout à fait démunies. Cette loi décourage la possibilité d’assistance à domicile et ouvre la voie à la construction de nombreuses workhouses.

De l’autre côté la la Manche, la presse française conservatrice observe ces établissements d’un genre unique en Europe avec un mélange d’admiration et de consternation. Le Journal des débats politiques et littéraires se fait l’écho de travaux de terrain d’un chercheur français dans son édition du 29 août 1842 :

« La description qu'il en donne est bien sombre. “Ce n'est pas une assistance bienveillante qu'on a voulu instituer, dit-il, c'est un épouvantail de pauvres.”

Cela est exact : toutefois le régime de la charité légale, tel qu'il subsistait avant la loi de 1834, donnait lieu aux plus funestes abus. C'était une prime en faveur de la fainéantise et du vagabondage, et par conséquent de l'immoralité ; et quelle prime ! Elle surpassait 200 millions pour la seule portion du Royaume-Uni qui se compose de l'Angleterre proprement dite et de l'lrlande.

La loi nouvelle est telle que le travailleur n'en réclame le bien fait qu'après avoir épuisé tous les moyens de se procurer du travail : c'est ce qu'elle ...

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