Écho de presse

Crime, misère, prostitution : quand la presse plongeait dans les « bas-fonds » de Londres

le par

« Wentworth Street, à Whitechapel », estampe de Gustave Doré, 1872 - source : Gallica-BnF

À la fin du XIXe siècle, l'est de Londres effraye et fascine. Dans la presse française, l’excursion horrifiée dans les bas quartiers de la capitale, à Whitechapel, Stepney ou Limehouse, devient presque un genre en soi.

Au XIXe siècle, Londres devient la ville la plus peuplée du monde : d'un million d'habitants en 1800, elle passe à plus de 6 millions à la fin du siècle. Capitale florissante du gigantesque Empire britannique, Londres est aussi le lieu où s'agglutinent, dans la misère la plus absolue, des centaines de milliers d'immigrants, de vagabonds, de marins, d'ouvriers, de familles sans le sou qui se regroupent dans l'est de la ville, au sein des quartiers les plus démunis.

 

Whitechapel, Bethnal Green, Stepney, Limehouse... Dans ces secteurs de la ville auxquels écrivains et journalistes vont accoler l'expression de « bas-fonds », la pauvreté, mais aussi la prostitution et le crime prospèrent. Au point qu’un puissant imaginaire, né d'un mélange de dégoût moral et de fascination pour ces lieux, va se développer chez ceux qui observent de l'extérieur ce véritable miroir inversé de la bonne société victorienne.

Un imaginaire qui prend corps dans la littérature (chez Dickens en Angleterre ou chez Paul Féval en France, auteur en 1843 des Mystères de Londres), mais aussi dans la presse de l'époque. L'excursion dans l'East End devient ainsi dans la seconde moitié du XIXe siècle un genre journalistique en soi. Et on ne compte plus les reporters et chroniqueurs qui s'aventurent à l'est de la City pour en ramener les récits les plus exotiques, les plus sordides et les plus édifiants sur le « vice » qui y sévit.

 

En 1878, dans son supplément du dimanche, Le Figaro publie ainsi des extraits traduits d'un livre publié par un journaliste américain, Les Vagabonds de Londres. L'auteur s'y essaie à une pratique que George Orwell, par exemple, réitérera au siècle suivant avec son livre Dans la dèche de Paris à Londres : se glisser dans les habits d'un vagabond pour raconter leur vie « de l'intérieur ».

« Lecteurs, si vous désirez faire une expérience originale, endossez des haillons, n'ayez pas le sou dans votre poche et passez quarante-huit heures à errer dans les rues de Londres au milieu ...

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