Écho de presse

Les nombreuses « souffrances de l'émigration bretonne » à Paris

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Les Bretons de Paris à l'Étoile, Agence Rol, 1922 - source : Gallica-BnF

Poussés par la misère, des milliers de Bretons viennent chercher du travail à Paris dès la seconde moitié du XIXe siècle. Un exil douloureux pour ces populations souvent rurales qui se heurteront, comme les autres provinciaux de la capitale, au mépris de la bourgeoisie parisienne.

Au XIXe siècle, la Bretagne est en pleine expansion démographique. Dans les campagnes, les exploitations agricoles, de plus en plus exigües, peinent à nourrir toutes les bouches. Quant à l'industrie textile bretonne, qui prospérait sur la fabrication de toiles de lin et de chanvre, elle s’effondre lorsque la marine à voile disparaît et que la concurrence du coton s'affirme.

Avec l’ouverture de la ligne du chemin de fer Paris-Nantes-Quimper inaugurée en 1863, puis l’achèvement de la ligne qui relie Brest à Paris, en 1865, l’émigration bretonne vers la capitale s’intensifie durant toute la seconde moitié du XIXe.

Arrivant par la gare Montparnasse, les nouveaux venus investissent naturellement le 14e arrondissement de Paris, qui devient peu à peu un véritable village breton dans la ville, comme s’en fait l’écho L’Intransigeant en 1896 :

« [Les Bretons] ont pris en amitié la rive gauche de la Seine ; ils s'installent assez généralement dans les quatorzième et quinzième arrondissements.

Il y a à cela une raison : le chemin de fer, fleuve qui charrie des hommes, dépose à son embouchure – je veux dire à son point terminus – une alluvion humaine, laisse autour du débarcadère une sorte de delta constitué par les races qu’il amène à la cité. [...]

Si vous voulez rencontrer des Bretons, ne vous éloignez pas trop de la gare Montparnasse. »

Ces nouveaux arrivants constituent une main d’œuvre idéale pour les travaux les plus pénibles – à partir de 1898, nombreux sont notamment les hommes employés au percement des tunnels du métro parisien, dont le concepteur est lui-même Breton : Fulgence Bienvenüe, qui donnera son nom à la station de métro du quartier de Montparnasse.

Galerie souterraine, construction du métro, Agence Meurisse, 1913 - source : Gallica-BnF

Les femmes ne sont pas mieux loties : nourrices, concierges, bonnes à tout faire ou petites marchandes de rue, elles pâtissent de conditions de travail difficiles et gag...

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