Écho de presse

Les « Noëls des pauvres » dans le magazine communiste Regards

le par

Couverture du magazine Regards, 20 décembre 1946 - source : RetroNews-BnF

S'inscrivant dans une tradition de Noël « social » à la Dickens, la revue de gauche Regards profita régulièrement de la période de fin d'année pour publier contes, récits et articles dénonçant l'injustice et la pauvreté.

Dans l'entre-deux guerres et juste après la Seconde Guerre mondiale, la revue d'inspiration communiste Regards profite à plusieurs reprises des fêtes de fin d'années pour célèbrer « l'esprit de Noël » à sa façon.

Un peu à la façon de Charles Dickens au siècle précédent avec son conte à succès A Christmas Carol, le 25 décembre est en effet pour les rédacteurs du magazine l'occasion de dénoncer les injustices sociales.

Le 23 décembre 1937, par exemple, Regards publie un conte de Noël grinçant signé Edith Thomas, mettant en scène un Père Noël parcourant les quartiers opulents de Paris, alors que de l'autre côté des Pyrénées, la guerre d'Espagne fait rage.

« Des femmes et des enfants étaient écrabouillés sous les bombes, réduits en chair, en sang, en bouillie d'os. Des femmes et des enfants allaient par files lamentables, quêtant un peu de lait, un peu de pain. Il ne s'agissait plus de pleurer sur les petits-enfants-qui-n'ont-pas-de-jouets : ceux-ci manquaient de bien autre chose et ce n'est pas la charité qui le leur apportait.

– Ce n'est pas la charité, se dit le Père Noël, mais il ne faudra pas que je le lui dise.

C'était son dada, au bon Dieu, la charité. Il avait cru, autrefois, que le monde s'en sortirait par la charité, parce que c'était un brave homme de bon Dieu. Mais elle s'était montrée étrangement insuffisante et elle se refusait maintenant de s'occuper de ces enfants-là.

– Pourquoi donc? demanda le Père Noël à une grosse dame qui dormait dans un bel appartement de Neuilly.

Mais la grosse dame gémit en rêve :

– Des petits marxistes, des enfants rouges.

Et le Père Noël, qui avait bien entendu parler de Marx, de Spinoza ou de Kant (le reste de l'année, quand il n'avait rien à faire,...

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