Écho de presse

1949 : « Le Deuxième sexe » de Simone de Beauvoir fait scandale

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Simone de Beauvoir (à gauche) et Jean-Paul Sartre lors de la cérémonie de création de la Chine communiste, 1955 - source : Xinhua News Agency-WikiCommons

Lors de sa parution, le célèbre essai féministe de Simone de Beauvoir est attaqué de toutes parts, à gauche comme à droite. Seules quelques voix, comme Colette Audry dans Combat ou Maurice Nadeau dans Le Mercure de France, vont prendre la défense du futur classique.

Considéré aujourd'hui comme une œuvre fondatrice, l'essai Le Deuxième sexe de Simone de Beauvoir (1908-1986) a déchaîné les passions lors de sa publication chez Gallimard en 1949. Il faut dire que l'ouvrage, paru en deux tomes, offre un contenu révolutionnaire pour l'époque – et pour beaucoup, difficile à entendre.

« Nous essaierons de montrer [...] comment la "réalité féminine" s'est constituée, pourquoi la femme a été définie comme l'Autre et quelles en ont été les conséquences du point de vue des hommes. Alors nous décrirons du point de vue des femmes le monde tel qu'il leur est proposé ; et nous pourrons comprendre à quelles difficultés elles se heurtent au moment où, essayant de s'évader de la sphère qui leur a été jusqu'à présent assignée, elles prétendent participer au mitsein humain », écrit Simone de Beauvoir pour définir son projet.

Analyse érudite et exhaustive des mécanismes de domination exercés par l'homme sur le « sexe faible », mais aussi plaidoyer pour la libération des mœurs et l'égalité des sexes, Le Deuxième sexe s'inscrit à la fois dans le courant existentialiste (dont le fer de lance est Jean-Paul Sartre) et celui de la phénoménologie.

Dans le premier tome du livre, dont des extraits paraissent dès 1948 dans la revue Les Temps modernes, Beauvoir dissèque la misogynie de certains écrivains célèbres, tels Henry de Montherlant, François Mauriac ou Paul Claudel. Les premières critiques, d'une rare violence, viendront de ce côté-là : ami de Montherlant, l'écrivain « hussard » Roger Nimier attaquera Simone de Beauvoir, tout comme le catholique Mauriac, qui écrit dans Le Figaro en mai 1948 :

« Nous avons littérairement atteint les limites de l’abject […]. Voilà, peut-être le moment de la dernière nausée, celle qui délivre. »

La droite catholique, en effet, ne ménage pas Beauvoir. En cause, ses attaques contre le mariage et la maternité, et ses pages extrêmement crues sur la sexualité (le Vatican mettra le livre à l'index en 1956 !). Mais la gauche, en particulier...

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