Écho de presse

Les « scandales » autour de l'homosexualité dans l'armée

le 28/01/2022 par Marina Bellot
le 17/09/2021 par Marina Bellot - modifié le 28/01/2022

En France, si l'armée ne prévoit aucune réglementation en ce qui concerne les préférences sexuelles, les affaires d'homosexualité ont longtemps été traitées comme des scandales à étouffer.  

En 1791, la France est le premier pays à dépénaliser complètement l'homosexualité, l’Assemblée constituante de 1789 ne retenant pas le « crime de sodomie » dans le code pénal. 

De même, l'armée ne prévoit aucune réglementation spécifique en ce qui concerne les préférences sexuelles en son sein. Pour autant, dans une France où l'homosexualité est encore largement perçue comme immorale, la plus grande discrétion est de mise.

Au XXe siècle, alors que les affaires d'homosexualité dans l'armée allemande sont légion et font grand bruit, en France, elles existent mais restent cantonnées à quelques articles mal informés, tant l'autorité militaire tente d'étouffer ces scandales.

Quand en 1907, à Brest, une affaire de ce type éclate, Le Journal précise d'emblée : « Il n'y aurait qu'un seul officier compromis, et l'enquête se poursuit dans le plus profond mystère. » Avant de donner quelques détails :

« L'affaire des actes d'homosexualité qui se seraient produits dans un des régiments de notre garnison continue à faire beaucoup de bruit ici.

L'autorité militaire déclare que l'affaire dont on parle tant n'a jamais existé dans le régiment désigné. Il y a quelque temps, un capitaine a bien été accusé de s'être livré à des actes d'homosexualité sur les soldats dl sa compagnie, mais l'enquête à laquelle il fut à cette époque procédé, a établi qu'il n'en était rien. Les résultats de cette enquête ont été adressés au ministre de la Guerre.

Or, aujourd'hui le nom de ce même officier est encore mis en avant et les deux soldats, pour lesquels il aurait eu des prévenances, seraient, dit-on, de mauvais sujets qui ne feraient autre chose que du chantage… [...]

D'autre part, on fait remarquer qu'il n'y a jamais eu qu'un officier accusé d'actes d'homosexualité et on aurait confondu l'officier chargé de faire enquête avec un second homosexuel. »

Autre scandale en 1907 toujours, cette fois à Bourges. Là encore, l'armée cherche à en atténuer la portée.

La France s'en fait l'écho :

« L’enquête aboutit à la constatation que le capitaine B... s’était livré, dans les locaux disciplinaires, à des actes d’homosexualité sur la personne d’un sous-officier. Le capitaine R... est marié et a deux enfants.

Au quartier général on confirme la matérialité des faits, mais on assure que le capitaine souffrait d’une maladie qui a influé sur ses facultés et atténue sa responsabilité. » 

Nombre de cas sont par ailleurs jugés en huis-clos. Ainsi, en 1909, La Dépêche du Berry rapporte ainsi :

« Une grave affaire va venir incessamment devant le Conseil de guerre. Affaire scabreuse au plus haut chef et pour laquelle le huis-clos va être vraisemblablement prononcé. Il s’agit d'une cause d’homosexualité ; la loi la qualifie d’attentat à la pudeur avec violences. »

Si les mœurs ont grandement évolué depuis un siècle, la discrétion reste aujourd'hui le mot d'ordre.

Par ailleurs, depuis 2000, les homosexuels peuvent occuper des fonctions d'officiers en Allemagne, ce qui n'était pas possible auparavant.

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