Écho de presse

Les résurrectionnistes, voleurs de cadavres dans l’Angleterre moderne

le par

Des résurrectionnistes au travail, illustration de Hablot Knight Browne, XIXe siècle - source : WikiCommons

Trafiquants de cadavres, les resurrectionists dérobaient les corps dans les cimetières pour les revendre aux médecins anatomistes. Une profession qui fit parler d'elle en France lorsqu'en 1828, les Irlandais Burke et Hare tuèrent 17 personnes pour approvisionner un professeur d’Édimbourg.

On les appelait resurrectionnists, resurrection men ou plus simplement body snatchers (voleurs de corps). Dans le Royaume-Uni du XVIIIe et du début du XIXe siècles, leur profession consistait à dérober des cadavres fraîchement enterrés dans les cimetières, la plupart du temps de nuit et parfois avec la complicité des gardiens, puis à les revendre à des médecins anatomistes qui en avaient besoin pour leurs recherches.

Se fondant sur un article du journal britannique le Morning Herald, Le Drapeau blanc résumait ce phénomène peu ragoûtant dans un numéro d’avril 1825 :

« Deux hommes et une femme ont été présentés hier à un des principaux bureaux de la police de Londres, comme prévenus d’avoir enlevé un cadavre d’un cimetière des environs de la capitale. Ce crime est assez fréquent dans un pays où il est impossible de se procurer des sujets anatomiques [...].

Le cadavre enlevé était celui d’un jeune homme qui venait de mourir d’une maladie singulière. La famille, craignant que cette circonstance n’excitât la cupidité des résurrectionnistes (car c’est ainsi qu’on les appelle), fit creuser un fossé plus profond qu’à l'ordinaire, et après y avoir placé le cadavre fit remplir le tombeau de grosses pierres. Ces précautions furent entièrement inutiles. Le cadavre fut enlevé le lendemain de l’enterrement, et déposé dans un tas de fumier. Les voleurs le placèrent ensuite sur une voiture et prirent la route de Londres [...].

Il est à présumer que, si le commerce des cadavres n’était pas si sévèrement puni par les lois anglaises, on formerait à Londres quelque compagnie, à l’instar de celle des mines, pour exploiter ces spéculations qui présentent d’immenses avantages pécuniaires. »

Si les « résurrectionnistes » ont pu prospérer à l’époque, c’est que les médecins pratiquant des recherches anatomiques souffraient alors d’une pénurie de corps à disséquer.

Certes, en 1752, le Murder Act avait autorisé l...

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