Écho de presse

L’avènement du chat dans la culture populaire au XIXe siècle

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« Chat noir sur un journal », estampe d’Henri Guérard, 1887 - source : Gallica BnF

Longtemps diabolisé, le chat s’impose au XIXe siècle dans les foyers de la bourgeoisie urbaine. Tandis que Baudelaire ou les habitués du Chat noir voient en lui un frère en insoumission, la presse à grand tirage abreuve ses lecteurs de centaines d’articles en forme d’odes au félin des villes.

Les Égyptiens le vénéraient comme une divinité. Les Romains ne le portaient guère dans leur cœur, parce qu’il s’en prenait aux oiseaux, qu’ils révéraient. L’Europe, du Moyen Âge jusqu’au XVIe siècle, l’a diabolisé, voire persécuté, l’assimilant à l’hérésie et à la sorcellerie. Au XVIIe et au XVIIIe siècles, l’aristocratie l’a peu à peu réhabilité.

Mais c’est au XIXe siècle que le chat s’est imposé comme un compagnon privilégié de l'homme en s’installant dans les foyers de la bourgeoisie urbaine, tandis qu’artistes, écrivains et poètes projetaient sur lui tout un répertoire de fantasmes qui perdureront au fil du siècle.

La presse de l’époque, elle, s’est souvent intéressée au félin, au fil de nombreux articles dissertant de ses mérites. En 1835, un rédacteur du Journal de Paris souligne ainsi combien la domestication du Felis catus, animal capricieux et impulsif par excellence, constitue une réussite pour l’homme :

« Tout dans leur organisme est primitif [...].  Cependant, même à ces divers égards, l’éducation les a diversifiés à l’infini. Le haut degré de domesticité où sont arrivés certains de ces animaux, est sans contredit l’exemple le plus remarquable de la puissance de l’homme, de la flexibilité de leur nature [...]. »

Le mouvement romantique, qui triomphe au même moment, va jouer un rôle crucial dans l'évolution de l'image du chat. Chateaubriand chante les louanges de l'animal, tandis que l’écrivain allemand E. T. A. Hoffmann, mort en 1822 mais qui connaît un succès phénoménal en France dans les années suivantes, signe avec sa fausse autobiographie féline Le Chat Murr un des ouvrages-clé du romantisme.

Libre, indépendant et doté d’une nature « méditative », le chat devient alors le compagnon idéal de l’écrivain, comme le signale en 1835 Le Journal du commerce et des théâtres de Lyon, lequel se penche sur « L’influence des chats sur la littérat...

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