Écho de presse

Vie et mort du volapük, la langue du rêve de communication universelle

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Extrait de la revue officielle « Le Volapük », numéro 14, 1888 - source Gallica-BnF

Le volapük, langue artificielle censée rapprocher les peuples, fut introduit à partir de 1885 en France. La presse hexagonale se déchira presque aussitôt entre volapükistes fervents et anti-volapükistes moqueurs.

« Menadé bal, püki bal ! ». Autrement dit : « Pour une seule humanité, une seule langue ! ». Telle était la devise du volapük, langue construite entre 1879 et 1880 par Johann Martin Schleyer. C’est à la suite d’une crise mystique survenue en pleine insomnie que ce ce prêtre catholique allemand polyglotte avait eu l’idée d’inventer une langue « mondiale », susceptible d’unir l’humanité divisée.

L'inventeur du volapük Johann Martin Schleyer, 1888 - source WikiCommons

Quelques années avant l’espéranto (imaginé en 1887 par Louis-Lazare Zamenhof), le volapük connut un essor aussi rapide que considérable. En 1879, l’abbé Schleyer publie une première grammaire du volapük. En 1880, il fait paraître un manuel en langue allemande. Et en 1884, un premier congrès a lieu à Friedrichshafen.

Si la langue nouvelle séduit d’abord la bourgeoisie allemande, parmi laquelle elle recrute la majorité de ses locuteurs, elle se propage peu à peu en Europe. Seconde personnalité la plus importante du mouvement, Auguste Kerckhoffs, Français d’origine néerlandaise, introduit le volapük en France en y créant une association, un cours complet et une revue (à lire sur Gallica). L’ambition de Kerckhoffs est d’en faire la langue du commerce international. 

Dès 1885 et surtout 1886, c’est un véritable succès : en témoigne le nombre énorme d’articles qui sont consacrés à l’idiome venu d’outre-Rhin pendant cette période. Très vite pourtant, la médiatisation du phénomène se transforme en débat d’opinion et les commentateurs se scindent en deux groupes, les pro et les anti-volapük.

Dès février 1886, Le Petit journal vante l’efficacité et la simplicité de la langue :

« Le volapük atteste sa vitalité à la façon de ce philosophe grec qui voulait démontrer le mouvement : il marche ! [...]

Une autre supériorité du volapük, c'est son incomparable simplicité. Point d'écriture spéciale, point d'accentuation anormale, nulle complication de constructio...

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