Généalogie

Un poilu dans la famille ? Retrouvez sa trace dans RetroNews !

le 10/11/2022 par Tony Neulat
le 13/10/2021 par Tony Neulat - modifié le 10/11/2022
Soldats du 122e régiment d’infanterie en 1914. © Tony Neulat

La guerre 1914-1918 a été dévastatrice, tant par son ampleur, sa durée que son atrocité. Les journaux de l’époque nous permettent de revivre ce conflit au quotidien mais aussi de mieux appréhender ses conséquences, au niveau individuel, pour chaque famille. Or, qui n’a pas un poilu dans sa famille ?

Qu’il s’agisse de l’arrière-grand-père Marcellin ou du grand-oncle Gaston, nous comptons tous un combattant de la Grande Guerre dans notre arbre généalogique. Qu’il ait été blessé, prisonnier, porté disparu, tué au champ d’honneur, cité ou décoré, sa vie et celle de sa famille ont été profondément marquées par ce conflit sans précédent.

La presse ancienne, à travers ses titres locaux, feuilles de tranchée, bulletins militaires ou publications officielles se fait l’écho des combats et constitue, de nos jours, une source incontournable pour les généalogistes et les historiens, tant pour retrouver la trace d’un de ces combattants au sein des multiples listes nominatives publiées que pour connaître les circonstances d’une blessure, d’une capture, d’un décès ou d’une décoration. Voici un aperçu au cas par cas.

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Si un membre de votre famille est mort pour la France, la presse s’est chargée du devoir de mémoire. Les journaux locaux publiaient en effet de nombreuses listes nominatives de « tombés au champ d’honneur » au fur et à mesure du conflit. Bien que laconiques, elles nous renseignent néanmoins sur l’identité du soldat décédé, son grade, son lieu d’origine, ses date et lieux de décès et éventuellement son âge, comme en témoigne cet extrait de L’Auvergnat de Paris du 5 octobre 1918 :

La presse a également publié, à l’issue du conflit, des listes récapitulatives, par commune, des morts pour la France. Si ces listes sont moins précises que celles publiées au jour le jour, elles donnent à voir le bilan humain désastreux du conflit à l’échelle locale. À titre d’exemple, la commune de Vailhourles, dans l’Aveyron, est constituée de 1088 habitants à la veille du conflit, dont 260 de 20 à 39 ans, d’après le recensement de 1911, et donc vraisemblablement de 130 hommes environ de cette tranche d’âge. L’Auvergnat de Paris du 9 août 1919 nous révèle que cette commune a perdu 46 de ses « enfants » (soit un sur trois !) et en fournit les noms et prénoms :

Le Journal officiel, via ses décrets d’attribution de décorations posthumes ou de « pension aux veuves et orphelins, dont les maris ou pères ont été tués sur le champ de bataille », permet également de retrouver la trace d’un mort pour la France, comme l’illustre un extrait du 15 avril 1918.

Fort heureusement, tous les soldats n’ont pas été tués au combat. Certains ont été « simplement » blessés. Dans ce cas, la presse se révèle une nouvelle fois un allié précieux puisque des listes de blessés étaient publiées, que ce soit dans des titres proches des conflits comme la Gazette des Ardennes ou dans les journaux locaux soucieux de donner des nouvelles de leurs compatriotes partis au front. Par exemple, le Journal de Montélimar du 12 septembre 1914 fournit la liste des blessés de la garnison en traitement à Montélimar ainsi que de précieux détails sur les circonstances de certaines blessures :

Par ailleurs, en cas de blessure grave, le combattant peut être mentionné dans le Journal officiel s’il se voit accorder une pension d’invalidité. La mention est toujours d’une grande brièveté, comme l’atteste cet extrait du 2 mars 1919 : « NEULAT (Célestin-Clément), perte de l’usage d’un membre. – Jouissance du 11 mars 1919… 669 fr. »

D’autres combattants, peut-être plus fortunés, sont faits prisonniers au cours d’une bataille. Certains périodiques, tels que la Gazette des Ardennes, ont publié, tout au long de la guerre, des listes de plusieurs centaines de milliers de prisonniers français en Allemagne. Elles indiquent, par camp de prisonnier, les nom, prénoms, commune et département d’origine du prisonnier et son numéro de régiment. Les journaux locaux ne sont pas en reste : ils publient également des listes de prisonniers afin d’informer les familles, tel L’Auvergnat de Paris du 18 septembre 1915 :

Enfin, il semble que le sort de certains soit en suspens lors des conflits : il s’agit des portés disparus. On imagine sans peine le douloureux mélange d’anxiété et d’espoir que devaient ressentir leurs familles, parfois pendant plusieurs mois. Car un porté disparu pouvait être soit décédé au cours d’une bataille sans qu’on ait retrouvé ou identifié son corps, soit prisonnier dans un camp allemand en instance d’enregistrement officiel.

Divers journaux, tels que La Recherche des disparus (organe de l’Association française pour la recherche des disparus) ou le Bulletin de l’Union des familles de disparus, ainsi que plusieurs bulletins de réfugiés des zones de conflit, publient des listes nominatives de portés disparus, qu’il s’agisse de civils recherchés par leurs familles ou de militaires n’apparaissant sur aucune liste officielle de prisonniers de guerre.

Qui dit sacrifice dit récompense. Citations à l’ordre de l’armée, décorations, attributions de pensions, etc. constituent autant d’occasions de retrouver la trace d’un aïeul dans la presse ancienne, locale et officielle. Le Courrier de Saône-et-Loire du 2 juin 1916 relaie ainsi avec fierté la citation d’un de ses compatriotes :

« Charnay-les-Macon. – Citation. – Voici la citation concernant notre concitoyen Victor Neulat, sapeur radio-télégraphiste, fils de M. Neulat, employé des postes, habitant la commune : A fait preuve de courage et de sang-froid en restant à découvert, sous un très violent bombardement d’obus de gros calibre, pour assurer l’exécution d’un ordre, et a été blessé. »

Par ailleurs, toute décoration militaire (médaille militaire ou légion d’honneur) était décernée par décret, publié au Journal officiel. La mention est précieuse du point de vue généalogique, comme l’illustre cet extrait du 5 février 1919 du Journal officiel, relatif à Célestin-Clément Neulat, alors décoré de la médaille militaire :

« NEULAT (Célestin-Clément), m[atricu]le 8719, soldat (réserve) à la 3e compagnie de mitrailleuses au 77e régt. d’infanterie : excellent soldat brancardier, volontaire pour les missions périlleuses. Le 9 juin 1918 a fait preuve de beaucoup d’allant et d’intrépidité en transportant des blessés sous un violent bombardement. A été blessé grièvement au cours de sa mission. Enucléation de l’œil droit. Deux citations. »

En outre, certains titres de presse – tels que le Bulletin des armées de la République, le journal illustré Pages de gloire, L’Illustration, Sur le Vif ou le Tableau d’honneur, morts pour la France : guerre 1914-1918 – se sont attachés à immortaliser les héros de la Grande Guerre en publiant leurs actions d’éclat ou de brèves biographies, lesquelles sont parfois accompagnées d’une photographie, pour le plus grand bonheur des généalogistes !

Ainsi, les poilus sont cités à de maintes reprises dans la presse lors des conflits. Blessure, capture, disparition, décès, citation, décoration, pension d’invalidité, etc. constituent autant d’occasions, heureuses ou malheureuses, de rendre hommage à ces enfants de la Patrie et de donner des nouvelles à leurs familles.

Et, a posteriori, ils représentent autant d’opportunités pour les généalogistes et les historiens de retrouver leur trace, de découvrir leurs difficultés, voire d’observer, impuissants, ces vies brisées et les répercussions de cette guerre terrible, lesquelles s’expriment parfois plusieurs années après la fin des conflits… En témoigne ce filet du Populaire du Centre du 13 août 1925, tristement intitulé « La guerre qui tue » :

« Neulat Marie, veuve Juillet, 64 ans, ménagère au Chirou, commune de Chambereaud, a été trouvée pendue à un poirier, à 100 mètres de son habitation. Elle souffrait de neurasthénie depuis la guerre où elle avait perdu ses trois gendres et un fils. De plus, en trois ans, elle avait vu disparaître son mari et une de ses filles. »

On veillera donc à ne pas limiter ses recherches à la seule période des conflits, ne serait-ce que pour tenir compte des décorations posthumes, des décrets et des actions postérieurs aux conflits de diverses associations telles que les sociétés de secours aux blessés militaires ou les offices d’anciens combattants.

Passionné de généalogie depuis l’âge de douze ans, Tony Neulat est rédacteur dans La Revue française de généalogie et membre de la European Academy of Genealogy. Il partage, depuis 2009, son expérience et ses conseils à travers ses publications et ses formations. Il est également auteur des guides Gallica et RetroNews : deux eldorados généalogiquesRetrouver ses ancêtres à Malte et Trouver des cousins inconnus ou perdus de vue.

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