Grands articles

Les campeurs selon Colette : récits du doux été 1936

le par

Camping familial pour Lloyd George et ses proches, Agence Rol, 1913 - source : Gallica-BnF

Tandis que le gouvernement de Léon Blum accorde deux semaines de congés payés à tous les Français, l’écrivaine Colette sillonne le sud de la France à la recherche de cette nouvelle espèce étrange, les « campeurs ».

A l’été 1936, pour la première fois les Français de toutes catégories sociales peuvent légalement partir en vacances. La raison est connue : le gouvernement de Front Populaire de Léon Blum vient de signer, le 20 juin, une loi offrant à tout travailleur deux semaines de congés payés. 600 000 Français s’aventurent sur les routes et les plages cette année-là. Ils seront 1,7 million l’année suivante.

La grande romancière et journaliste Colette part au mois d’août à la rencontre de ces nouveaux vacanciers pour Le Journal. Dans le sud-est de la France, aux abords de Saint-Tropez, elle fait la rencontre de jeunes adeptes du camping, fauchés, armés d’une simple tente et d’un sac de couchage. Heureux sous les pins et face à la mer, les vacanciers précaires se confient.

Quand j'écrivais ici même, l'été dernier : « Ils y viendront, au camping ! » je ne prévoyais pas qu'ils y viendraient si vite, et en tel nombre. Par familles, par groupes, par camps, par villages, par nationalités, les tentes ont poussé sur la côte comme champignons d'août. Nous avons les Tchécoslovaques rouges, les Russes blancs, les Français jaunes… Je ne parle, bien entendu, que de la couleur des corps nus, qui permet un sûr diagnostic : les blancs ne font que d'arriver, les rouges ont huit jours de brûlures, les derniers ne sont pas tout à fait cuits.

Sur tel t...

Cet article est réservé aux abonnés.
Accédez à l'intégralité de l'offre éditoriale et aux outils de recherche avancée.