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1934 : Blaise Cendrars découvre le milieu mafieux marseillais

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Blaise Cendrars en jeune homme, photo d'August Monbaron, 1907 - source : WIkiCommons

En 1934 dans les colonnes de l'Excelsior, Blaise Cendrars se fait conteur d'un genre nouveau. Dans une série de reportages au cœur des « maffias » françaises, il dépeint avec verve des criminels d'un genre nouveaux, dans la veine de l'imaginaire du « gangster moderne ».

Dans les années 1930, l’écrivain voyageur Blaise Cendrars se fait reporter. A partir de 1934, il réalise ainsi pour l'Excelsior un « tour de la France criminelle » au travers d'une série d'articles regroupés sous le ronflant titre « les Gangsters de la maffia ».

Dans ces reportages, Cendrars s'attache à donner à voir le gangster français des années 1930, dont le mode de vie diffère largement de celui de son pendant américain. L'article paraissant le 26 avril 1934 dans les colonnes de l'Excelsior peint un tableau frappant de la vie criminelle de Marseille. Portuaire, la cité phocéenne est le cœur d'un trafic de drogues en tout genre : « cocaïne, héroïne, morphine »... Afin de conter au mieux la réalité de cet univers, il se rend au contact des criminels, fréquente les bars et ruelles, ceux qui parlent et ceux qui ne parlent pas, et initie ainsi une formule journalistique qu’il reproduira aux quatre coins de la France dans les mois suivants. 

Le corpus de textes sera plus tard repris et publié en un volume, Panorama de la pègre.

LES GANGSTERS DE LA MAFFIA

AU HASARD DES RENCONTRES...

Tout comme les Champs-Elysées, la Canebière a eu sa crise de croissance. Auparavant, elle partait du quai des Belges pour finir au cours Saint-Louis. Mais d'un seul coup, elle a avalé la rue de Noailles. Puis, sournoisement, elle a attendu qu'on ait bien fini de mutiler les allées de Meilhan d'une magnifique rangée de platanes centenaires, et elle a soudainement absorbé les allées à leur tour. Aujourd'hui, la Canebière grimpe, suivant une douce inclinaison, du Vieux-Port aux Réformés, et sur cette longue rampe c'est une pagaïe invraisemblable de voitures, de taxis, d'autobus, de tramways-tortues, de voitures à bras, de fardiers, de motos, de bicyclettes, diaboliquement enchevêtrés, pagaïe qui s'accompagne d'un réjouissant charivari fait des mille cris des camelots, de coups de sifflet et de trompette, des cornes de bicyclettes et des klaxons des autos, des sonneries des tramways, de la pétarade des motos que dominent, depuis peu, les hurlements des haut-parleurs, – et tout cela grouille, cavale, tire à hue et à dia, avan...

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